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Culture et Interculturalité

Culture et Interculturalité


Communication interculturelle et réécritures – Brigitte Juanals
Master 2 IDEMM - UFR IDIST - Université Charles de Gaulle, Lille 3
Année 2004/2005


SOMMAIRE

 

1. Une notion de la culture

                        1.1. Notre définition de la culture

                        1.2. Présentation et commentaire de textes

                        1.3. « Á propos de la culture », colloque international

 2. Les approches interculturelles

                        2.1. L’interculturalité

                        2.2. Quelques approches interculturelles proposées sur Internet

 3. Une étude d’un site proposant une approche interculturelle

                        3.1. La description du site

                        3.2. L’interactivité et la communication par le site

 Conclusion

 Bibliographie

1. Une notion de la culture

            La culture est une notion assez large pour laquelle il semble difficile de donner une définition précise. Après avoir essayé de définir nous même ce qu’est la culture, nous traiterons des différents textes étudiés (« Dilemmes culturels des sociétés contemporaines entre modernisme et postmodernisme » de Wanda Dressler et « Le croisement des cultures » de Tzvetan Todorov).

            1.1. Notre définition de la culture           

La culture est une notion qui rassemble un certain nombre de concepts qui peuvent varier d’un individu à l’autre. Après discussion, nous avons listé les dix termes auxquels nous faisait penser le mot « culture » :

patrimoine, coutume, civilisation, héritage, éducation, langue, connaissances/savoirs, arts, Lille 2004, religion.

De ces dix mots, nous avons tiré deux définitions principales de la culture :

  1. Héritage social, historique, religieux, politique,… inné et inconscient. Ensemble de coutumes, pratiques, rites vécus et partagés par des individus faisant partie d’un groupe et/ou d’une communauté déterminée (ex : nation, région, religion, classe sociale…).

  2. Acquisition de savoirs et de connaissances (livre, peinture, musique, théâtre, visite de lieux culturels…). Cette acquisition vise, selon l’idéal humaniste, à former un honnête homme, c’est-à-dire un homme ouvert aux humanités.

La culture est l’expression de la nature humaine. Chaque individu appartient à une culture au moins. De ce fait, il n’existe pas de moyen « neutre » d’évaluer ou de juger une culture par rapport à une autre. Nous sommes tous dépendants des valeurs et du langage relatifs à notre culture, elle représente une partie de notre identité. Il est donc impossible de hiérarchiser ces cultures et encore moins de les universaliser. Cette conception est récente - elle date du XXème siècle - elle puise ses racines dans le courant anglo-saxon (surtout américain) dit « culturaliste », qui prône le « relativisme culturel » (idée que toutes les cultures se valent). Le prolongement contemporain de cette conception se retrouve dans l’approche post-moderne du « multiculturalisme » (Charles Taylor, USA, années 1990).

A l’inverse de cette tendance actuelle, les humanistes, les philosophes des Lumières et les penseurs du XIXème siècle hiérarchisaient les cultures (en particulier les tenants de l’évolutionnisme). D’autres refusent une hiérarchisation, mais refusent aussi le concept d’ « irréductibilité » des cultures, qui conduit à l’impossibilité de communiquer, d’échanger, et débouche politiquement sur le communautarisme. Cependant, pour mieux profiter de ces cultures différentes, il faut pouvoir reconnaître l’autre et se faire reconnaître par lui, tout en acceptant les jugements et les universels-singuliers.

      Une culture n’est pas fixe, elle évolue et se transforme avec les individus qui la constituent mais également aux contacts d’autres cultures (métissage, diffusionnisme, acculturation).

1.2. Présentation et commentaire de textes 

Nous allons présenter ici les textes de Wanda Dressler, « Dilemmes culturels des sociétés contemporaines entre modernisme et postmodernisme », et Tzvetan Todorov, « Le croisement des cultures ».

Dressler, Wanda. « Dilemmes culturels des sociétés contemporaines entre modernisme et postmodernisme ». In Constantopoulou, Chryssoula (dir.). Altérités, mythes et réalités. Paris : L’Harmattan, 1999. p13-34.

L’auteur de l’article, Wanda Dressler, propose une réflexion sur ce qu’est l’affirmation du droit à la différence. Ce mouvement ou « logique » - tel est le terme employé par l’auteur- s’enracine dans le postmodernisme qui est né en France dans les années 70. Il s’agissait de revendiquer un droit à la différence et par conséquent de critiquer le modèle de société existant qui était alors unitaire. Ce mouvement se base sur le relativisme culturel et donc sur l’idée que toutes les cultures se valent.

Mais l’auteur constate que ce mouvement est ambivalent et souhaite repérer les dérives possibles. Selon elle, le mouvement a aujourd’hui basculé dans l’ethnicisation et la racialisation des cultures.

Dans l’introduction, l’auteur définit le terme de « postmoderne » qui est employé pour qualifier une pensée, une posture, une situation. Derrière ce terme se cache l’idée de bouleversement social et politique à partir d’une critique de la raison totalisante, et il véhicule un nouvel idéal démocratique.

Ensuite, l’auteur rappelle brièvement les origines historiques du mouvement : il prend naissance dans le contexte de l’après Mai 1968, et se diffuse dans les pays occidentaux industrialisés. Á l’heure actuelle, le mouvement s’inscrit dans un nouveau contexte. D’abord, il est relayé par de nouveaux, et notamment les pouvoirs médiatiques. Ensuite, l’espace public est transformé et hiérarchisé selon d’autres modalités. C’est pour ces raisons que des dérives sont possibles.

L’article est organisé selon un plan chronologique, ce qui permet à l’auteur d’avoir suffisamment de recul, d’adopter un point de vue critique et de faire un va-et-vient constant entre théorie et pratique. 

Dans un premier temps, l’auteur revient sur l’origine et l’évolution du mouvement de revendication du droit à la différence. Il naît aux Etats-Unis dans les années 60, dans les ghettos noirs puis touche les populations défavorisées d’Europe et d’Asie. L’auteur rappelle le contexte de l’époque qui est celui de l’après-guerre et des Trente Glorieuses.

Les années 70, caractérisées par une transformation du contexte économique, politique et social et par l’émergence du concept de globalisation, représentent un deuxième moment. Il en résulte une recomposition de l’espace où les groupes marginaux occupent parfois une place stratégique et qui peuvent faire pression sur l’État pour une meilleure représentativité.

D’où la conséquence pour les États de promouvoir la multiculturalité pour satisfaire aux exigences des groupes. Mais l’auteur souligne le fait que la revendication à la différence devient un fait des groupes sociaux plus favorisés. Ainsi, dans les années 80/90, il existe des mouvements de nature différente, ce qui est source de débordement et de dérive par rapport au mouvement originel des années 60/70.

Il s’établit un rapport de plus en plus fort entre les mouvements émancipateurs et la globalisation du monde. Cette globalisation  a longtemps été perçue comme la solution aux problèmes de ce monde (pauvreté,…). Ces mouvements sociaux influent sur les transformations de la société. Un des principaux exemples de revendication est le droit à la différence qui a pour conséquence la revendication d’une plus grande autonomie d’action politico-économique. Ces mouvements ont aujourd’hui une grande place dans la société ainsi qu’une grande influence.

Mais ces mouvements deviennent parfois trop utopistes, ce qui les rend parfois inefficaces et contre-productifs. Cela concorde mal avec une société globale émergente. Leurs discours et leurs pratiques deviennent de plus en plus publiques. Il y a une prise en compte récente de la minorité ethnique. Cela va à l’opposé de ce que voulaient les initiateurs. Cela provoque une désorganisation des raisonnements sur la notion de multiculturalité. Il y a une racialisation de la notion de culture, ce n’est plus qu’une simple question de territoire. Selon Nigel Thrift, les scientifiques sont impliqués dans cette genèse de cette nouvelle phase du « capitalisme mou » car ils en seraient les relais organiques conscients ou inconscients.

Le multiculturalisme (pouvoir tout repenser et tout reconstruire) revient finalement à une reproduction du même. Par ses modèles d’application idéologisés du droit à la différence, il participe de la promotion et de la gestion d’un nouvel ordre mondial des États et des groupes.

Face à la globalisation, les groupes sociaux se replient vers des identités plus proches (familiales, ethniques, religieuses,…). L’instrumentalisation de ces identités nouvelles par les groupes hégémoniques entraînent l’institutionnalisation de ces identités collectives régionales, minoritaires et ethniques. L’idée du multiculturalisme se trouve alors menacée par le fondamentalisme différentialiste ou différentialisme essentialiste à cause des enjeux de pouvoir.

Il y a un va et vient continuel entre le mouvement d’intégration régionale et de globalisation, ce qui entraîne la perte de rigidité des identités. L’individu semble ainsi plus perméable aux idéologies fondamentalistes qui ont un caractère manipulateur et massifiant. Les entités groupales permettent de créer du lien social et de créer des repères mais il faut également pouvoir s’en éloigner pour ne pas tomber dans le totalitarisme.

L’identité stable n’est qu’une illusion, chaque groupe n’existe que par sa volonté, il n’y a pas ou peu de mémoire commune dans un groupe.

Dans la troisième partie, l’auteur se demande s’il est possible de garder les acquis du « droit à la différence » débarrassé de ses « dérives » (on pourrait prendre l’expression « ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain »).

Elle parle de « nouveaux carcans » qui remplaceraient les anciens, car faute d’inventer des nouvelles formes d’émancipation des individus issus des minorités, certains démagogues instrumentalisent ces revendications dans un but régressif [1]. Il y a un risque de refus des brassages, un risque de repli sur soi et sa communauté, de crispation identitaire, un refus de l’altérité (ce qui est paradoxal, on demande à ce que soit reconnue sa différence, mais on refuse celle de l’Autre [2]).

Alors, quel rôle pour la culture, entendue ici au sens ethnologique ? Pour l’auteur, « la culture joue ce rôle de recréation du lien social ».

L’auteur prend l’exemple des politiques « multiculturelles » de pays comme les USA et l’Australie, et évoque à travers l’auteur Mochardei Tamarkin le cas emblématique de l’Afrique du Sud post-Apartheid.

Au niveau mondial, Wanda Dressler reconnaît des avancées indiscutables du droit international, en ce qui concerne le traitement des minorités.

Pour l’auteur, avec le recul, il faut faire le bilan critique des approches utopiques des années 70. L’auteur elle-même a certainement participé à ces mouvements. Pour elle, il s’agit maintenant de rejeter les dérives [3] et de « reconstruire » . On objectera tout de même que l’auteur ne se situe pas clairement. Est-elle pour ou contre la globalisation ? Quoiqu’il en soit, elle prône la construction de sociétés « pluriculturelles » (et non « multiculturelles » ). Pour elle, il faut voir l’Autre comme un allié. On peut ainsi voir chez elle un refus de  la théorie du « choc des civilisations [4] » .

Dressler est pour une sorte de compromis, de réconciliation entre les apports du modernisme (humanisme, Lumières…) et du post-modernisme (scepticisme, pensée de la différence [5]…), respectivement débarrassés de leurs dérives.

Dressler veut refuser toutes les formes de déterminisme. Elle souhaite réorienter les concepts et les actions « dans le bon sens ». A ce titre, la communauté internationale (via ses instances : ONU, Europe, Tribunal Pénal International…) doit avoir un rôle de « moralisation et de pacification de l’espace mondial ».

Todorov, Tzvetan. Le croisement des cultures. Communications. Paris : Seuil, 1986. n°43. p 5-24.

Présentation de l’auteur :

L’auteur de ce texte est Tzvetan Todorov. Né en Bulgarie en 1939, il a passé une grande partie de sa vie en France. Il est chercheur au CNRS et a écrit de nombreux ouvrages concernant la littérature, l’histoire, la politique et la morale. Il figure parmi les auteurs français, même s’il est d’origine bulgare, qui ont écrit et publié des ouvrages importants et qui en outre sont traduits dans de nombreuses langues.

Introduction :

L’auteur utilise beaucoup la première personne du singulier dans le texte. Il s’interroge tout d’abord sur le statut de son discours sur le croisement des cultures. Il se demande s’il doit adopter un point de vue sociologique, littéraire, historique ou épistémologique. Pour lui, cette attitude est défendable mais incomplète car il est question d’êtres humains et que le croisement des cultures a un trop grand poids affectif. Il serait donc malvenu selon lui de garder un ton purement académique à cause du fait que des gens en souffrent quotidiennement.

Il se met ensuite dans la peau de ce qu’il appelle l’homme d’action, c’est-à-dire une personne engagée qui manifeste et signe des pétitions. Enfin, il adopte une troisième position qui est celle de l’intellectuel. Sa fonction est essentiellement critique, mais au sens constructif du mot. Pour lui, il faut donc que les savants et les hommes d’action assument leurs fonctions d’intellectuels et leurs rapports aux valeurs, et donc d’accepter leur rôle social.

Il s’étonne ensuite d’une chose : il constate que les comportements racistes se multiplient mais que personne ne revendique une idéologie raciste car tout le monde veut la paix, la coexistence dans la compréhension mutuelle, les échanges, le dialogue,… Et, paradoxalement, on continue de vivre dans l’incompréhension et la guerre. Selon lui, les « bons sentiments », la conviction que le bien est préférable au mal privent cet idéal de toute efficacité car la banalité exerce un effet paralysant. Il faudrait donc débanaliser notre idéal. Pour cela, il faut donc être logique et honnête avec soi-même. Il pense donc qu’il fallait préciser tout cela pour expliquer les particularités de son discours qui est écrit en fonction de son expérience professionnelle. Son discours est divisé en deux parties : le jugement sur les autres et l’interaction avec les autres.

Dans la partie « Jugements sur les autres », Todorov commence par nous décrire son parcours personnel. Selon lui, dans son pays d’origine, la Bulgarie, L’Europe occidentale est très valorisée (notamment à travers ses produits de consommation, mais aussi par les personnes européennes –cf l’anecdote sur les filles bulgares attirées par les hommes « européens »). Les Bulgares adorent la culture « occidentale » (livres, films). Ils ont un « préjugé favorable ». Todorov en arrivant en France s’est senti solidaire des autres étrangers. Mais Todorov a vite vu les dangers d’une idéalisation de l’étranger, la « xénophilie » n’étant que l’envers de la xénophobie, car l’Autre est pensé à travers un préjugé (qu’il soit positif ou négatif –même s’il vaut mieux un préjugé positif !). Todorov parle du mythe du « bon sauvage » (qui remonte à Montaigne) , et selon lui les mouvements écologistes et tiers-mondistes (et alter mondialistes !) sont dans cette idéalisation naïve. Pour Todorov, le point commun à la vision xénophile et à la xénophobie, c’est le relativisme des valeurs. Todorov met en parallèle les préjugés positifs avec la question de la tolérance, tout aussi problématique. Car peut-on tout tolérer, y compris l’intolérable ? Peut-on par exemple tolérer l’excision qui atteint l’intégrité de la personne, sous prétexte de tradition culturelle ? Les droits de l’Homme s’opposent à cette vision pseudo tolérante, relativiste, car ils postulent l’universalité de l’être humain.

Todorov fustige aussi la pitié mal placée envers les faibles et les vaincus, car ceux-ci peuvent se transformer en dominateurs. C’est une des idées défendues par le psychiatre Henri Laborit dans son livre « Eloge de la fuite » et par la psychologue Françoise Sironi ( du courant ethno-psy de Tobie Nathan), dans son livre « Bourreaux et victimes » : les victimes peuvent se transformer en bourreaux (cf une partie des Juifs israéliens qui instrumentalisent la Shoah pour dominer les Palestiniens, voir aussi l’apartheid ou le conflit Hutus/Tutsis). A la pensée simpliste, Todorov oppose une pensée forte fondée sur le jugement qui repose sur l’universalité des droits de l’Homme. Ceci dit, il ne faut pas en rester aux grands principes, il faut aussi agir concrètement (un droit d’ingérence bien compris).
Ensuite Todorov s’interroge sur certaines critiques relativistes stigmatisant les risques de hiérarchiser les cultures. Todorov rejette ces discours déterministes qui associent un être à sa culture (essentialisme), or une personne a une conscience et une liberté, et peut aspirer à l’universalité.
Mais derrière cette crainte de juger, il y a la peur d’être taxé de racisme.

Les « racialistes » comme Antoine de Gobineau (19ème siècle) associent le physique et le « moral ». Il est différent par contre de critiquer une religion, car on critique une religion et pas une race. De plus, il peut y avoir de réelles inégalités, mais le droit n’a pas à les institutionnaliser (ce qui serait effectivement raciste). S’il est difficilement tenable de hiérarchiser les cultures  entre elles, en revanche il doit être possible de rejeter tel « trait culturel » condamnable.

Todorov poursuit son argumentation et compare les conceptions de philosophes français sur ce thème du jugement interculturel. Le premier, Montaigne, est à l’origine du mythe du « bon sauvage », ce qui le conduit à dire que les cannibales sont moins barbares que les Européens.

Todorov préfère Condorcet à Montaigne. Condorcet, qui représente les Lumières du 18ème siècle, met explicitement les cultures sur une échelle, mais les cultures en bas de l’échelle peuvent monter. Ce sont des idées « évolutionnistes » (qui se développeront au 19ème siècle) mais qui prônent une «égalisation par le haut ». Ces idées sont critiquables et ont conduit au colonialisme (« mission civilisatrice des pays européens éclairés »), mais pas racistes (pour qui une race inférieure l’est intrinsèquement et ne peut évoluer).

Todorov propose une troisième voie qui est celle de Montesquieu, qui refuse la tyrannie, la concentration des pouvoirs, mais rejette toute attitude interventionniste. Cette position est ambiguë, elle peut conduire à un « pacifisme » qui deviendrait une faiblesse face aux attaques des tyrans. 

Todorov aborde ensuite la question des interactions culturelle entre les personnes, car une culture ne peut se concevoir que si elle est en relation avec d’autres. Todorov écrit : « L’identité naît de la différence ». De plus, une culture évolue au contact des autres. Le fait que les habitants d’un pays puissent bénéficier à la fois de leurs propres valeurs, us et coutumes et de l’ouverture aux autres cultures lui apparaît comme trompeur. D’abord parce qu’au sein d’une même culture, il n’y a pas d’homogénéité entre les individus et que donc les valeurs peuvent être différentes d’un groupe à l’autre. Ensuite parce que même s’il y a de l’attirance et du rejet envers les étrangers, c’est le rejet qui est dominant car il est plus facile de s’enfermer sur soi et sur ce que l’on connaît.

            Pour mieux appréhender la question des interactions entre les cultures, Todorov s’inspire de Goethe et de l’idée qu’il avait de la littérature universelle. En d’autres termes, il suggère d’une part de ne pas renoncer à sa particularité et d’autre part de voir dans une culture étrangère une autre expression de l’universel.

L’idée est que l’enrichissement de soi vient de la connaissance de l’autre. Plutôt que de rester centré sur les points communs de deux individus, il vaut mieux que chacun apporte sa connaissance pour avoir un plus grand produit commun.

Cependant le melting pot poussé à l’extrême n’est pas non plus une solution aux croisements des cultures puisqu’il empêche l’épanouissement des cultures. De l’interaction des autres, il ne faut donc pas tirer un jugement ou une comparaison mais un regard critique sur soi pour s’enrichir socialement.

Dans une dernière partie, l’auteur traite du travail de connaissance qui est selon lui une forme spécifique d’interaction entre les cultures.

Il prend l’exemple du travail de l’ethnologue, ou du sociologue. Ces derniers, par leur présence, modifient le comportement des sujets qu’ils observent et tentent d’analyser. Mais il y aussi modification chez le scientifique lui-même, non seulement modification de ses concepts mais aussi modification de sa personnalité.

Le travail de connaissance peut être plus ou moins approfondi. L’auteur prend l’exemple du tourisme de masse. Un touriste effectue un travail de connaissance quoiqu’on puisse en dire car il va à la rencontre d’une culture étrangère. Le plus souvent, nous avons en tête l’idée du touriste plus soucieux de prendre des photographies plutôt que de rencontrer les individus. L’auteur reconnaît que pour chacun d’entre nous le premier contact avec une culture autre ne peut être que superficiel.

A l’opposé du touriste se place le spécialiste, l’érudit qui consacre sa vie à l’étude d’une culture étrangère et qui parfois finit par en être complètement imprégné.

L’auteur pose une question intéressante, à savoir : est-ce que nous pouvons connaître autre chose que nous-mêmes ? Le fait d’être en position d’extériorité par rapport à une culture présente un avantage. L’ethnologie du XX ème siècle tente d’exploiter cet avantage : l’ethnologie est conçue comme de la sociologie faite du dehors. Par sa position, le sociologue peut découvrir ce qui échappe aux membres qui partagent une même culture. L’historien se retrouve également dans cette position : il peut avoir un regard critique et donner un sens à des événements pour lesquels il n’est pas acteur. Ainsi, la connaissance d’une culture ne passe pas par l’immersion totale. Il faut certes connaître les différences entre les hommes, mais le fait d’être en retrait permet d’avoir une connaissance de l’Homme.

Pour terminer, l’auteur annonce le plan retenu pour ce numéro de la revue Communication consacré aux croisements des cultures.

Une première section regroupe des études réalisées sur le sujet dans quatre disciplines (philosophie politique, histoire, ethnologie, étude comparée des cultures).

Une deuxième section est consacrée aux penseurs du croisement.

Une troisième section est consacrée à des études sur les croisements eux-mêmes, c’est-à-dire à des phénomènes observés. Enfin, la dernière section regroupe des réflexions personnelles.

            1.3. « A propos de la culture », colloque international 

Les 2, 3 et 4 Novembre 2004, l’Université des Sciences et Technologies de Lille organisait un colloque sur la culture, à l’Aéronef de Lille.

Alors que la troisième saison de Lille 2004 était à la veille de s’achever, les universitaires et organisateurs de ce colloque souhaitaient marquer un temps d’arrêt pour mener une réflexion et porter un regard critique sur la culture, figure symbolique de l’ambition démocratique. Si les Lumières ont pu en effet identifier culture et éducation, modernité et projet émancipateur, aujourd’hui la société de masse interroge le projet d’émancipation culturelle. Dans un contexte de globalisation, l’histoire culturelle contemporaine est nécessairement plurielle : polysémie du terme « culture », croisement et effacement de genres artistiques, réalité d’aires géographiques culturelles »…

La culture a été abordée à travers cinq problématiques. Le colloque s’est ouvert sur la problématique suivante : «La construction au risque de ses cultures ? » L’intervention de Jacques Verger, professeur d’histoire médiévale à l’Université de Paris IV-Sorbonne avait pour but de rappeler les origines anciennes de la culture européenne et spécialement ce qu’elle doit à l’époque médiévale. Ce legs est porteur d’une double tradition d’ouverture et d’universalisme (cf. le compte-rendu de l’intervention en annexe I). Mais la prétention à l’universalité peut aussi bien vider une culture de sa spécificité que soumettre le monde à l’aune de ses valeurs. Sur le thème de « Universalité et spécificité », Etienne Balibar, philosophe et professeur émérite de l’Université de Paris X-Nanterre, évoque l’effondrement de la « prétention à l’universel» qui signifie alors pour lui que la construction de l’universel se présente comme une tâche. Quant à Pierre Macherey, philosophe et professeur émérite de l’Université de Lille 3, il analyse les tensions qui animent en profondeur la culture et dont la principale est celle passant entre émancipation et exclusion.

Le colloque s’est poursuivi sur un troisième thème : « Culture et barbarie », thème pertinent dans la mesure où, si la notion de barbarie est souvent associée à l’absence de culture, il existe aussi une barbarie spécifiquement produite par la culture elle-même. Puis, la question de l’instrumentalisation de la culture a fait suite à cette thématique. La culture, autrefois identifiée à la formation des esprits des hommes et des femmes, est devenue aujourd’hui un enjeu des pouvoirs économiques et politiques. La culture prenant aujourd’hui des formes aliénantes, Nayla Farouki, philosophe et historienne des sciences et des idées, se pose la question suivante : « Culture instrumentalisée… ou culture instrumentalisante ? » (cf. le compte-rendu de l’intervention en annexe II).

Enfin, la culture ne peut se concevoir sans transmission de ses acquis. D’où le cinquième thème de ce colloque : « Transmission et création ». Thierry de Duve, historien de l’art, philosophe, et professeur à l’Université de Lille 3 a souhaité intervenir sur ce thème en prenant l’exemple de la transmission de l’art d’avant-garde (cf. le compte-rendu de l’intervention en annexe III).

2. Les approches interculturelles           

Face à la mondialisation et aux moyens technologiques, la primeur est à la flexibilité et à l’adaptabilité. Les échanges internationaux se multiplient et les collaborations internationales se développent qu’ils s’agissent d’enjeux politiques, économiques ou sociaux. Dans les quartiers, les villes, les pays, nous sommes amenés à croiser des individus de culture différente. Comment profiter de la richesse de ces cultures sans en être effrayé et sans les juger ? Il existe différentes approches interculturelles qui permettent de mieux appréhender ces différences et de prendre du recul par rapport à notre propre culture. Qu’est-ce qui est proposé pour s’ouvrir aux cultures ? Quelles sont les différentes approches envisagées ? C’est ce que nous essaierons de déterminer après avoir donner une définition de l’interculturalité.

            2.1. L’interculturalité

Le terme interculturalité, néologisme des années quatre-vingts, rassemble le préfixe inter (issu du latin, il exprime la mise en relation de deux ou plusieurs éléments) et le terme culturalité [6] . La notion d’interculturalité suppose donc l’existence d’au moins deux civilisations avec des relations entre elles. En mettant l’accent sur les échanges entre deux cultures, l’interculturalité s’oppose à la multiculturalité qui n’est qu’une simple juxtaposition de cultures différentes [7] .

Cette définition ne saurait suffire à comprendre ce qu’est l’interculturalité. Pour appréhender cette notion, il convient de faire un tour d’horizon de sites Web pour avoir une idée de ce qui se dit et de ce qui se fait en interculturalité.

            2.2. Quelques approches interculturelles proposées sur Internet 

En premier lieu, des sites éducatifs, réalisés par des collèges et des lycées, révèlent que la question de l’interculturalité se pose en milieu scolaire et qu’elle préoccupe les acteurs du monde éducatif (professeur, CPE, aide-éducateurs, documentalistes…). Les projets présentés, ou les ressources de tous types (exercices, activités, vidéos, jeux interactifs…) mis à disposition, sont nés du souci de développer l’apprentissage de la communication, voire de l’éducation interculturelle. En complément des programmes scolaires, la réflexion et les actions menées sur le thème de l’interculturalité visent à former des « citoyens du monde », ouverts à la culture, à la connaissance de l’autre, au dialogue, et soucieux de prendre en compte les idées et les valeurs d’autrui.

Cette communication interculturelle, évoquée précédemment, apparaît comme une compétence indispensable à acquérir. D’où l’existence de centres de formation spécialisés dans ce domaine, et ciblés pour les professionnels, tels que le Centre de Médiation Interculturelle (http://mediation-interculturelle.com/accueil.htm), qui propose des formations à un public très large. Le CMI propose des services de conseil, de « coaching » et de formation. Une démarche interculturelle ayant pour but de permettre la reconnaissance mutuelle, le dialogue et la rencontre au sein d’un groupe d’individus aux origines culturelles différentes, il est nécessaire pour les professionnels, les associatifs, les élus locaux, les individuels de développer des capacités relationnelles et de gestion des différences culturelles, des conflits.

Dans le prolongement de ces centres de formation, il existe des entreprises qui vendent leur compétence interculturelle. Ainsi, Export’up (http://www.exportconsult.homestead.com/index.html), spécialiste du développement international, propose de mettre au service des entreprises sa connaissance des cultures et des pratiques commerciales dans différents pays. Ce savoir-être interculturel apparaît indispensable dans un contexte d’internationalisation du commerce : ignorer les différences culturelles en situation d’affaires peut être la cause d’un échec. Tout comme le Centre de Médiation Interculturelle, Export-up est une entreprise commerciale. Si la démarche semble pertinente, elle ne peut attirer qu’un public qui a les moyens de s’offrir une formation ou un service. Enfin, les modalités de transmission de cette compétence interculturelle sont-elles pertinentes ?

Les associations :

Deux types d’associations occupent le créneau des formations interculturelles :

·        Les associations professionnelles, de statut juridique privé, qui vendent des services aux entreprises (formation, coaching, etc.)

·        Les associations à but non lucratif, à base de financement public ou privé (cotisations adhérents)

La SIETAR est une association professionnelle internationale composée de 3000 membres et présente dans 60 pays. Le statut juridique est celui d’une ONG (Organisation Non Gouvernementale). Cette ONG est reconnue par l’ONU, l’UNESCO et le Conseil de l’Europe (qui édite aussi un site multilingue sur les Droits Humains : http://www.coe.int/t/E/human_rights/ecri/ ). La SIETAR édite depuis 1994 la revue « Intercultures » et propose des ateliers de formation. Site : http://www.sietar-france.org/

Quant aux associations à but non lucratif, elles mettent en œuvre des projets qui visent à développer divers moyens de communication interculturelle. Les actions sont aussi diversifiées que les acteurs et les publics visés : organisation de manifestations culturelles, d’événements média, de séminaires, de voyages, programmes d’échanges, soutien aux populations immigrantes… sans oublier les publications. Nombreux sont les sites qui présentent les publications (revues, actes de colloques ou de séminaires…) abordant la question interculturelle. A titre d’exemple, l’universitaire Jacques Demorgon est le responsable de revues en ligne éditées pour le compte de l’Office Franco-Allemand pour la Jeunesse (public d’étudiants, de stagiaires et de jeunes diplômés qui souhaitent avoir une expérience dans un pays de l’UE, comme l’Allemagne) : www.dfjw.org, office de formation et de qualification dans le domaine des compétences interculturelles en Europe.

Citons également le portail www.revues-plurielles.com qui recense les sites traitant des problématiques de l’interculturalité. Ce site est coordonné par l’ARP : L’Association des Revues Plurielles (Paris). Dans la même lignée, le site www.interculturelles.org propose également un portail de sites abordant l’interculturalité. Son objectif est également de mettre en évidence les richesses interculturelles en mettant en ligne différentes informations relatives à l’interculturalité (publication, séminaires,…) et en permettant aux utilisateurs d’échanger des informations (forum).

Pour terminer, l’exemple des Editions Cultures Croisées mérite d’être mentionné. Cette association à but non lucratif donne les moyens aux étrangers francophones (étudiants, adultes, professeurs…) de faire connaître leur culture et de s’exprimer sur le thème de l’interculturalité par la publication d’ouvrages. Notons que les auteurs publiés participent aux frais d’édition dans la mesure de leurs moyens financiers, la maison d’édition bénéficiant de fonds divers.

Les approches interculturelles se développent et sont assez diverses. Qu’il s’agisse d’échanges internationaux ou d’échanges « en ligne », en milieu scolaire ou dans le monde professionnel, plusieurs structures ont été mises en place afin de favoriser les échanges culturels. Chacune à leur manière permet de mieux appréhender ce et ceux qui nous entourent. Apprendre à connaître les autres ou apprendre à se connaître grâce au regard des autres, côtoyer sans craindre la diversité, voilà ce que devrait être l’objectif de tout citoyen du monde.

3. Etude d’un site proposant une approche interculturelle : Accepter la diversité : un manuel interactif en évolution.

            Nous avons choisi d’étudier plus particulièrement un site proposé par Umberto Eco, Furio Columbo, Jacques Le Goff et soutenu par l’Académie Universelle des Cultures. Intitulé Accepter la diversité : un manuel interactif en évolution [8], ce site est disponible en ligne sur : http://www.academie-universelle.org/manuel/index.htm.

Le site est toujours en construction mais ses objectifs sont clairement définis et permet d’aborder différentes notions de bases sur le thème de l’interculturalité et de la différence.

            Après avoir donné une description du site, de ses objectifs et de son organisation, nous présenterons le type de communication qui a été choisie pour un meilleur échange avec les utilisateurs puis nous en verrons les usages.

            3.1. La description du site 

            Ce site est présenté comme étant un manuel interactif en évolution à l’attention des enseignants, des éducateurs et des formateurs qui souhaitent aborder le thème de la diversité humaine avec des groupes de jeunes. également disponible en version anglaise et italienne, il propose plusieurs sujets sur le thème de la diversité :

            - Différents mais égaux

            - Religion

            - Ceci est ma place

            - Homme et Femme

            - Handicap

            - Greffes et creusets

            - La règle d’or et l’intolérable

 

Chaque chapitre est divisé en plusieurs sous-parties, chacune d’elle étant elle-même divisée en cinq sections :

1.      les notions de base donnent les concepts fondamentaux relatifs à chaque thème en langage simple pour que cela reste accessible pour les enfants ;

2.      en savoir plus approfondit les concepts élémentaires vus dans la section précédente en proposant une argumentation plus complexe ;

3.      les exemples permettent d’illustrer les notions de base qui peuvent fonctionner dans des environnements culturels différents ;

4.      les exercices, dont le but est de faire participer les enfants et de mettre en pratique les notions observées ;

5.      les citations qui renforcent la signification des concepts étudiés précédemment.

            Le terme de « manuel » vient de la structuration du site, divisé en chapitres, puis en sous-parties, chaque notion étant abordée de façon progressive depuis la théorie avec les concepts de base jusqu’à la pratique avec les exercices.

Des liens vers des sites sur le racisme et l’intolérance ainsi que des ressources pédagogiques sont également disponibles. Dans la partie suivante, nous allons voir en quoi il s’agit d’un manuel interactif et quel est le type de communication interculturelle qui a été mise en place.

3.2. L’interactivité et la communication par le site 

Le site Accepter la diversité : un manuel interactif en évolution se veut, comme son nom l’indique, interactif. Dépendant de l’Académie Universelle des Cultures, il se réclame également ouvert à toute suggestion ou proposition pour améliorer son service. Il est donc possible pour tout utilisateur de soumettre de nouvelles idées d’exemples, d’exercices ou de thèmes. Comme il est précisé dans l’introduction, chaque chapitre peut être rallongé au fur et à mesure des remarques et observations des enseignants, éducateurs ou formateurs qui souhaitent apporter leurs contributions ou leurs solutions.

Dans la section des exemples du premier chapitre sur les différences, on peut ainsi trouver et voir concrètement en quoi nous sommes différents : visages, musique, mots, recettes, odeurs, objets,… Chacun peut soumettre l’idée d’un nouvel exemple à mettre en ligne en contactant directement les éditrices du site par e-mail.

            Par ce système qui encourage la participation des individus sur leurs idées et leurs expériences, l’importance est mise sur le partage et l’échange d’informations. L’un des objectifs du site est ainsi de proposer des thèmes et des activités sur le thème de la diversité humaine tout en générant la participation des différents visiteurs du site du monde entier pour mettre en commun et à profit leurs expériences. De cette manière, tout le monde peut bénéficier de l’expérience des uns et des autres.


Conclusion

            Après ces différentes études de textes et observations de sites, il est toujours difficile de définir précisément ce qu’est la culture. Et cela est de plus en plus difficile, puisque cette notion tend à devenir un véritable fourre-tout. Aujourd’hui, n’importe quel groupe d’individus peut revendiquer sa « culture » (culture d’entreprise, culture gay, culture hip hop etc.) Deux options s’affrontent alors : la tentation du repli communautaire, ou l’ouverture aux autres dans un souci de partage, de compréhension mutuelle, d’amitié entre les peuples et les cultures… Démarche d’ouverture qui nécessite la prise en compte de la question de la différence culturelle, souci qui est à l’origine d’un courant de réflexion sur ce qu’on appelle désormais « l’interculturalité »…

            Au delà des discours, la mondialisation et la grande mobilité des individus favorise le croisement des cultures. Ce croisement est porté par des actions mettant en œuvre des approches interculturelles, dans des domaines d’activités variés (éducation, humanitaire, économie). Ces actions sont indispensables pour dépasser la méfiance et la crainte générées par la différence.

           


Bibliographie

DRESSLER, Wanda. Dilemmes culturels des sociétés contemporaines entre modernisme et postmodernisme. In CONSTANTOPOULOU, Chryssoula (dir.). Altérités, mythes et réalités. Paris : L’Harmattan, 1999. p13-34.

TODOROV, Tzvetan. Le croisement des cultures. Communications. Paris : Seuil, 1986. n°43. p 5-24.

Webographie 

ECO Umberto., COLUMBO Furio., LEGOFF Jacques. Accepter la diversité : un manuel interactif en évolution. [en ligne]. Paris : Gallimard, Grasset et Fasquelle. [consulté le 13/01/05]. Disponible en ligne sur : http://www.academie-universelle.org/manuel/index.htm.

METRAUX, Jean-Claude. Interculturalité. In Socialinfo, Dictionnaire suisse de politique sociale. [en ligne]. [consulté le 13/01/05]. Disponible en ligne sur : http://www.socialinfo.ch/cgi-bin/dicoposso/show.cfm?id=446

SCHÖNING, Udo. Interculturalité : éthymologie, commentaire. In GRASSIN, Jean-Marie (dir.). Dictionnaire International des Termes Littéraires. [en ligne]. Limoges : Université de Limoges, mis à jour le 24/06/2003. [consulté le 12/01/05]. Disponible en ligne sur : http://www.ditl.info/arttest/art2331.php


ANNEXES

Annexe I :

Compte-rendu  de la conférence :  « Le commun et le divers des cultures en Europe », donnée par Jacques Verger lors du colloque international « A propos de la culture », le 2 Novembre 2004, à l’Aéronef de Lille.

Annexe II :

Compte-rendu de la conférence « Culture instrumentalisée… ou culture instrumentalisante ? », donnée par Nayla Farouki, lors du colloque international « A propos de la culture », le 4 Novembre 2004, à l’Aéronef de Lille.

Annexe III :

Compte-rendu des interventions faites sur le thème « Transmission et création », lors du colloque international « A propos de la culture », le 4 Novembre 2004, à l’Aéronef de Lille.


Annexe I 

Conférence :  « Le commun et le divers des cultures en Europe »,

 par Jacques Verger

Compte-rendu rédigé par Séverine Hedin

L’intervention de Jacques Verger, professeur d’histoire médiévale à l’Université de Paris IV-Sorbonne, rappelle les origines anciennes de la culture européenne et spécialement ce qu’elle doit au Moyen-Âge (XIIe-XVe siècle). Il rappelle que l’historien n’ose plus guère donner de leçons d’histoire, ni donner de modèles pas plus que d’anti-modèles. Le rôle de l’historien aujourd’hui est de fournir quelques éléments et repères pour nous aider à comprendre qui nous sommes, d’où nous venons.

L’Europe et sa culture est une invention du Moyen-Âge, mais depuis cette période, beaucoup de choses ont été ajoutées, changées, perdues : la Renaissance, les Lumières, les totalitarismes du XXème siècle ont apporté quelque chose en plus.

La civilisation antique (et romaine) n’est pas une civilisation européenne, mais une civilisation méditerranéenne, à cheval sur trois continents.

Charlemagne peut être considéré comme le père de l’Europe : il parvint à reconstituer un empire dans un cadre européen et unique en réunissant les mondes romain et germanique. L’Europe qui naît au XIème siècle est une Europe chrétienne. Cette unification est payée par trop d’exclusions (Juifs, Musulmans) pour servir de justification identitaire.

L’Europe puise dans le Moyen-Âge ses racines politique, religieuse et culturelle.

L’unité culturelle se fait au travers de l’emploi du latin comme langue savante. Rappelons que la culture médiévale est une culture bilingue (latin/langue vernaculaire). Le latin, à la fois lu, parlé et pensé n’est le véhicule d’aucun impérialisme car elle n’est la langue maternelle de personne. Le latin est donc le support d’une culture vivante, lue et orale. Partout, on enseigne la même philosophie, le même droit, la même biologie… . La communication intellectuelle, savante n’a pas d’obstacle dans le fond et la forme. Cette culture savante est le fruit ou la synthèse de diverses composantes : une composante gréco-romaine (donc païenne), une composante chrétienne et biblique, et une composante arabe. En effet, à partir du XIIème siècle, en Espagne, de nombreux textes arabes sont traduits en latin. Cette culture savante médiévale se veut aussi universaliste. Toutefois, elle s’inscrit dans des limites. D’abord, elle s’inscrit dans des limites sociales : la communauté des savants est relativement restreinte (1000 individus à travers l’Europe, essentiellement des hommes). Sont exclus les pauvres, les serfs, les femmes, les esclaves, les Juifs.

Ensuite, les limites sont d’ordre intellectuel. La philosophie et les sciences telles que l’astronomie sont sous contrôle de l’Eglise. Beaucoup de champs disciplinaires n’ont pas leur place (grec, hébreux, histoire, géographie, poésie).

Enfin, les limites sont d’ordre institutionnel. La culture savante a trouvé un lieu : l’université qui naît au XIIIème siècle (Bologne, Oxford, Paris). Les universités sont des foyers créatifs et jouent un rôle incontestable dans la vie intellectuelle. Mais les universités sont des institutions qui empêchent certaines innovations à la fois par la discipline qui y règne, les revendications corporatistes, les méthodes livresques (scolastique), une pédagogie privilégiant l’autorité et l’obéissance. Ainsi toute expérimentation, toute observation, toute quantification sont impossibles.

En réalité, les universités médiévales entretiennent un rapport étroit avec l’Eglise et l’Etat. Aussi on peut y voir une conception utilitariste des savoirs et des études par les Etats.

Le Moyen-Âge offre pour l’Europe un premier modèle théorique d’une culture savante, fortement unifiée, dynamique et créatrice. Mais elle s’insère dans des limites imposées par le contexte socio-politique.

La culture savante repose sur des bases communes, à des fins universelles. Elle bénéficie par ailleurs d’une espèce de consensus, l’anti-intellectualisme n’étant pas ancrée dans les mentalités médiévales. Il faut aussi souligner aussi le fait que la diversité a existé. Elle est difficile à saisir mais elle est cependant perceptible à d’autres niveaux (dans le quotidien, l’oral, le folklore, le populaire). Malheureusement, il en reste peu de traces dans les documents. La diversité se perçoit à travers la prolifération des langues. Les langues sont nées au Moyen-Âge et ont été mises par écrit plusieurs siècle plus tard. C’est le cas du français par exemple. Ce décalage est dû à des facteurs politique, culturel et intellectuel. Deux mouvements se sont superposés. D’une part, le passage à l’écrit et donc à une mémoire plus fiable a permis l’entrée dans la culture de ce qui relevait du folklore et du rite (naissance de la poésie et de l’épopée), et qui gagne de nouveaux publics. D’autre part, le vernaculaire a envahi la culture savante, d’abord sous des formes bâtardes puis sous des formes plus originales permettant ainsi une vulgarisation des savoirs et une démocratisation.

A ce stade de la réflexion, une question se pose : la diversité a-t-elle permis la naissance de cultures nationales ?

Cette hypothèse est à manier avec prudence. Les premiers signes de manifestations nationales apparaissent à la fin du Moyen-Âge en France et en Angleterre : émergence de thèmes nationaux et patriotiques, éloges de la langue maternelle, relativisation du latin comme langue savante.

En conclusion, la diversité culturelle de l’Europe n’est pas bloquée comme elle le sera à l’époque moderne dans un cadre étatique et confessionnel contraignant. Il y a une véritable circulation des savoirs grâce à la mobilité des élites en Europe et au plurilinguisme de certaines personnes. Des contaminations –imprévisibles- sont le signe de cette circulation. On trouve par exemple dans la poésie allemande des thèmes celtiques (quête du Graal).

Ainsi, la culture médiévale nous montre entre le savant et le populaire, entre le latin et le vernaculaire, entre l’universel et le local, plus de complémentarité que de concurrence.

 

 

 

 


Annexe II

 

Conférence : « Culture instrumentalisée… ou culture instrumentalisante ? »
par Nayla Farouki, Philosophe, historienne des sciences et des idées

Compte-rendu rédigé par Marion Hoestlandt

            La culture est instrumentalisante avant d’être instrumentalisée. Nayla Farouki nous donne cinq définitions de la culture.

            1. Le mot « culture » n’était pas utilisé dans la Grèce Antique mais on parlait déjà d’hommes et de femmes cultivés. La notion du mot « culture » existait avant le mot.La définition devient plus claire à partir des XIIe et XIIIe siècles : elle désigne l’élévation de l’esprit. Il s’agit d’une définition humaniste et individualiste de la culture mais il s’agit d’une culture publique sans finalité particulière. Chacun choisit ou non de se cultiver, il fait sa culture comme il veut (ex : pratiquer un art, assister à des conférences, suivre des cours d’une certaine discipline,…).


 

 

            2. Une autre notion de la culture apparaît au XVIIIe siècle. En effet, ce siècle est également celui de l’exploration à travers la planète et de la découverte d’autres civilisations. La culture est alors utilisée sur un plan globaliste, c'est-à-dire qu’elle représente l’ensemble des biens créés par une société donnée. La culture et la civilisation se téléscopent. La « culture » est parfois un sous-ensemble de « civilisation » mais ce sont avant tout deux entités bien distinctes.

            3. Au XIXe siècle, on parle de « culture » sur un plan politique avec la mise en place de politiques culturelles. Le projet de l’État est alors d’aménager la culture en tant qu’ensemble de biens patrimoniaux qui appartiennent à une société donnée et qui permet de se cultiver dans une société libérale. C’est un champ dans lequel on choisit notre voie. (cette définition englobe les deux précédentes)La culture collective devient consciente d’elle-même.

.

            4. Dans les années 60, la culture est « cassée » en plusieurs cultures de groupe. On ne parle plus ici de culture individuelle, ni de culture collective mais de culture de clan : culture rock, culture d’entreprise,…Cette culture représente l’ensemble de liens qui réunissent les individus appartenant à un même groupe.

 

 

 

 

            5. La culture est avant tout un univers de signes [9] qui permettent de définir un groupe donné ou qui font que des gens interagissent. La culture est un langage, elle est la manière dont on voit les choses, la manière dont on les comprend (ex : la culture familiale).Á partir du moment où il y a parole, il y a culture.

Il existe une « dangerosité » de la culture. En effet, à partir du moment où celle-ci est définie, les individus se reconnaissent ou non en elle : la culture exclut. Les individus appartiennent à une certaine culture pourtant, elle n’est pas à notre service mais nous sommes au service de la culture : entretien d’une culture, défense d’une culture,… Tout le monde a une culture et il est très difficile d’en sortir car elle représente notre société, notre langue, nos us, nos habitus, c'est-à-dire un sentiment d’appartenance et de cohésion communautaire. On y adhère et on l’évalue plutôt positivement : on se mobilise pour elle et on la légitime pour qu’elle soit telle qu’elle est. Elle est instrumentalisante. Par ce sentiment d’appartenance que génère la culture, il devient ainsi aisé d’en faire un outil de « mobilisation des troupes », notamment en jouant sur les émotions : soit par la perte des valeurs, soit par la crainte de la perte des valeurs, soit par l’uniformisation en interne (on appartient tous à la même communauté et on est fier d’y appartenir).


 



ex : le renforcement du patriotisme américain après le 11 septembre

            Bien loin de la définition traditionnelle de la culture comme reconnaissance individuelle (être cultivé), elle apparaît aujourd’hui plus comme mode d’expression d’un collectif. En appartenant à une culture, on est à son service plus qu’on ne s’en sert : elle est plus instrumentalisante qu’instrumentalisée. C’est parce qu’elle est instrumentalisante qu’elle devient un outil de mobilisation, et donc instrumentalisée (ex : le pin’s du drapeau américain que portait G. Bush avant les élections américaines lui a valu d’être considéré comme plus patriote, et donc plus populaire que J. Kerry, jusqu’à ce qu’il décide d’en porter un lui-même).

 


Annexe III

Conférence : « Création et transmission »

Compte-rendu rédigé par Nicolas Honoré

Introduction d’Alain Cambier, professeur de philosophie en Khâgne

 

Étymologiquement, transmission signifie effectuer une traversée. L’homme ne peut créer ex-nihilo, il est toujours un héritier.

Mais il convient d’éviter deux écueils : la tradition perçue comme la répétition névrotique du passé et le second  : faire table rase du passé.

La tradition est plutôt un point d’appui , où le passé est constitué des projets des anciens, ce passé est lourd de possibles. L’homme doit réactiver ces possibles dans un rapport dialogique et critique avec la tradition qui doit permettre un espace d’expérimentation,  c’est un processus actif.

La transmission s’oppose au passé révolu et à la contemporanéité absolue.

L’artiste est un « world-maker », où faire c’est refaire, un bricoleur plutôt que créateur, faire du neuf à partir de l’ancien.

Intervention de Thierry de Duve, historien de l’art et philosophe


Le premier champ sémantique de la transmission est l’information transmise sans parasites (point de vue technique). L’information est toujours transmise dans un espace-temps. Ce point de vue privilégie l’espace sur le temps.

La deuxième acception sémantique est bio-historique : la transmission du patrimoine génétique (les gènes c’est de l’information) et le langage, les habitudes culturelles, l’éducation, la culture, transmises entre autres par les parents. Ce point de vue privilégie lui le temps sur l’espace.

Pour Thierry de Duve, le mot « transmission » est trop précis, il lui préfère le terme de « diffusion », pour lui la culture se diffuse, par hybridation culturelle e.g : la culture arabe et espagnole. 

Comment l’art se transmet-il ?

La transmission du flambeau artistique se fait d’une génération d’artistes à une autre.

La transmission comme une tradition, c’est de l’information qui se transmet, mais sur quel mode ?

On peut distinguer trois modes de transmission : les savoir-faire, les savoirs et les savoir-juger. Les savoir-faire sont les apprentissages techniques, ces savoir-faire se font sur le même mode que l’apprentissage artisanal (le maître et l’apprenti).

Les savoirs sont des connaissances théoriques transmises sur le mode de l’enseignement, ce dernier passant par le langage, le discours oral et écrit. Enfin les savoir-juger sont la formation au jugement sous toutes ses formes. En art, l’esthétique ou jugement du goût occupe une place importante et s’apprend en jugeant et en étant jugé. Ce mode se mêle au mode d’enseignement technique, parfois au mode d’enseignement théorique. L’histoire de l’art n’est rien d’autre que l’enregistrement des jugements des générations précédentes et se construit comme une jurisprudence de jugements en continuelle évolution.

Aujourd’hui, dans les écoles d’art, un préjugé (né avec la modernité) s’est répandu, celui de libérer la créativité des étudiants… Mais il convient pour cela de réhabiliter la tradition dans son sens littéral de transmission, qui ne signifie pas académisme…

On constate que selon l’époque, l’un des modes de transmission était  prépondérant. Au Moyen-Âge, on accordait une importance à l’artisanat (les arts y étaient incorporés) et à l’imitation (peintres ou menuisiers) où le maître transmettait son goût, ses croyances selon l’école à laquelle il appartient.

A la Renaissance, les artistes réclament le statut d’arts libéraux pour se « défaire » de l’artisanat. En 1648, l’Académie Royale de peinture et de sculpture est fondée où l’on dispense des cours théoriques sous forme de cours magistraux et de conférences (notamment par Charles Le Brun). Quant à la technique, elle s’apprend dans les ateliers.

Ce système a perduré jusqu’au XVIIIe et XIXe siècle : l’Académie est devenue l’Ecole des Beaux Arts.

A partir de la naissance du musée, le troisième mode de transmission – celui du juger et du savoir-juger- a dominé. Dans les musées, les artistes ont à leur disposition des exemples du passé. De plus, avec la photographie, le patrimoine artistique mondial devient disponible.

Pour Thierry de Duve, il convient de laisser de coté l’idéologie de l’artiste « génie spontané » alors qu’il est tributaire d’une tradition.

A la question, relativement difficile, « Existe-t-il une transmission du savoir-être ? », Thierry de Duve répond qu’entre jugement étique et jugement esthétique, il y a communication. Il n’existe pas un mode de transmission original pour le savoir-être mais il accompagne les trois modes de transmission.

Table ronde : « La culture entre tradition et rupture »

 

Intervention de Chantal Lamarre, directrice de Culture Commune.

Chantal Lamarre évoque la « médiation culturelle », co-actions entre élus, associations, société… Il est difficile d’agir avec les élus et elle constate des ruptures intergénérationnelles, la transmission culturelle parents/enfants ne se fait plus. Son travail  est donc de recréer un lien entre la tradition (travail de mémoire) et le monde d’aujourd’hui, agir et réagir.

La « culture commune » se pose à coté sans s’opposer aux acteurs institutionnels (professeurs, assistantes sociales…) et propose des actions collectives.

La question de la culture n’est pas entre la tradition et la rupture, la culture est plutôt face aux ruptures (dans le monde du travail : chômage…). Avant, dans le pays minier le monde du travail était organisé ( les mineurs étaient pris en charge par la compagnie des mines du berceau à la mort), de nos jours, avec la perte du travail organisé, on observe une impossibilité de se construire une identité  et  par là même une impossible transmission aux générations futures.

Christine Lamarre évoque une génération fragilisée, qui ne peut construire des repères stables, il n’y a plus de transmission de valeurs d’un père au fils par le travail.

La mission de « culture commune » est un travail sur la mémoire, donner du sens à aujourd’hui, amener de la perspective, de la profondeur, révéler  ce qu’on peut se réapproprier, ce qui change et ce qui est immuable (par exemple l’exploitation des hommes est immuable mais les modalités changent, si l’individu ne sait pas les identifier, il ne pourra les combattre). Elle évoque les subjectivités dépositaires d’une richesse d’un vécu humain.

La deuxième rupture est celle du basculement d’images de l’avant garde du prolétariat à la stigmatisation de la population « assistée ».La question posée par cette population est d’exister mais qui les a condamnés ? Des houillères avant aux travailleurs sociaux de maintenant.

Intervention de Robyn Orlin, chorégraphe (Afrique du Sud)

Robyn Orlin interroge les notions d’histoire et de mémoire plutôt que celle de culture, en essayant de comprendre les conséquences de l’apartheid sur les individus en particulier et de l’exclusion en général. Elle se souvient que petite sa mère l’emmenait dans les mines, le week-end, pour voir des danses .Elle a donc voulu écrire une thèse plus tard sur ce sujet, thèse qui n’a pu se faire, ce sujet étant jugé trop « délicat ».Elle a comme projet un documentaire toujours sur ces danses, le regard d’une « blanche privilégiée » (selon ses propres termes) sur ce pan de l’histoire culturelle de l’Afrique du sud, avec comme question, comment amener cette beauté dans l’ici et maintenant ?

Table ronde : « La culture à l’épreuve de la transmission »

Intervention de Joëlle Zask, philosophe.

La culture est un système stable et cohérent, une société pré-existe et survit aux individus, les nouvelles générations bénéficient de ces acquis et les respectent.

L’école est l’institution qui reconduit, elle est l’instance de reproduction sociale (Bourdieu ).

L’école assimile ( tradition académique, traditionaliste ?)  ou intègre (tradition démocratique , former des individus distincts).

La théorie de l’éducation de John Dewey :

Dewey est philosophe pragmatiste (qui accorde aux conséquences une priorité sur les causes). Par exemple en art, ce n’est pas en fonction de l’intention de l’auteur que l’on juge une chose bonne.

La base de sa théorie  est que l’on connaît les conséquences de nos activités ; connaître c’est faire, cette théorie requiert la participation de l élève au savoir. Dewey s’oppose à la conception de l’élève comme une tabula rasa vide, où il s’agit d’accumuler des connaissances plaquées à leurs expériences,  et qui s’oppose également  à la vision de la non intervention sur l’esprit pour qu’il s’épanouisse,  vision romantique et libérale, de laisser-faire.

John Dewey  a une vision de l’éducation démocratique, où le milieu est constitué de possibilités d’expériences enrichissantes. La transmission doit laisser s’organiser subjectivement ces expériences, elle doit donner le pouvoir à l’autre de façonner le monde subjectivement et laisser un espace où s’épanouit cette transmission.

La culture est faite de reprises innovantes, d’actions réciproques des individus et leur monde social (Malinowski), la culture est cette part d’immortalité dans l’accomplissement humain (Malraux). Elle est aussi partage, l’ « ancien » comme opportunité d’innovation.

Le projet d’enseignement démocratique, dans cette perspective , est d’aider l’apprenant à faire sa grammaire personnelle dans un processus d’individuation, sans contradiction entre les notions d’héritage culturel et d’invention. Le nouveau implique la connaissance de l’ancien, la méconnaissance du passé rend impossible l’innovation (pour inventer de nouvelles formes, il faut connaître les anciennes). Le regard déterminé par la pratique personnelle développe un projet personnel, des savoir-faire, le jugement…La vision démocratique prend en compte le facteur personnel. Le maître devient médiateur. 

[1] cf Le Pen ou Tarik Ramadan, cet exemple est de l’auteur de ces lignes, mais pas de l’auteur de l’article !

[2] exemple pris dans l’actualité : les nationalistes corses qui veulent que l’État français les reconnaissent, mais qui s’en prennent de plus en plus à des Maghrébins à travers des attentats racistes.

[3] Cf le cas de la féministe Elisabeth Badinter, qui ne se reconnaît pas dans les « chiennes de garde », voir son dernier livre « Fausse route »…

[4] théorisé par l’américain Samuel Huntington

[5] dont l’un des plus brillants et controversés théoriciens, Jacques Derrida, vient de s’éteindre…

[6] Schöning, Udo. Interculturalité : étymologie, commentaire. In GRASSIN, Jean-Marie (dir.). Dictionnaire International des Termes Littéraires. [en ligne]. Limoges : Université de Limoges, mis à jour le 24/06/2003. [consulté le 12/01/05]. Disponible en ligne sur : http://www.ditl.info/arttest/art2331.php 

[7] Métraux, Jean-Claude. Interculturalité. In Socialinfo, Dictionnaire suisse de politique sociale. [en ligne]. [consulté le 13/01/05]. Disponible en ligne sur : http://www.socialinfo.ch/cgi-bin/dicoposso/show.cfm?id=446

[8] Eco U., Columbo F., J. Accepter la diversité : un manuel interactif en évolution. [en ligne]. Paris : Gallimard, Grasset et Fasquelle. [consulté le 13/01/05]. Disponible en ligne sur : http://www.academie-universelle.org/manuel/index.htm .

[9] Le signe est un objet qui indique quelque chose d’autre. N’importe quoi peut être signe. Culturellement, le signe peut devenir symbole (ex : la croix pour les chrétiens). Tout signe n’est pas symbole mais tout symbole est un signe.

 

Ecrit par HEDIN Séverine, HOESTLANDT Marion, HONORE Nicolas, LOUALICHE Mohamed, le Mercredi 11 Mai 2005, 11:35 dans la rubrique "Culture et interculturalité".

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03-12-08 à 00:35

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03-12-08 à 21:52

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