Documentaire jeunesse : le projet continue
--> Quatre éditeurs attendus à Lille 3
Le projet "Le livre instrument d'information et de communication" mené par les Master IDEMM de l'an dernier comportait un volet consacré au documentaire de jeunesse. Cette année, une partie significative du projet d'année sera entièrement consacrée au documentaire de jeunesse. Il s'agira non seulement d'exploiter les ressources recueillies l'an dernier, mais aussi d'en produire de nouvelles. C'est ainsi que quatre directeurs de collections ont été sollicités pour une intervention à Lille 3 : Madeleine Thoby, pour Gulf Stream, Dominique Auzel pour Milan, Christian Demilly pour Autrement jeunesse et Philippe Godard pour De la Martinière jeunesse. Leurs interventions seront enregistrées, transcrites, mises en ligne.et exploitées dans de petits produits multimédia dont l'objectif sera de mettre en application une méthode de lecture des documentaires de jeunesse.
La mission confiée aux étudiants de la promotion 2005 du master Idemm sera à la fois plus simple et plus complexe que celle de leurs prédécesseurs. Plus simple parce qu’ils n’ont qu’à entrer dans un travail déjà balisé par une méthodologie, des ressources, une organisation. Si l’on voulait simplifier leur tâche, ils n’auraient qu’à se laisser porter par le projet. Plus complexe toutefois parce qu’il s’agit pour eux d’entrer dans des protocoles et des cadres de pensée qui leur sont étrangers, l’objectif se compliquant du fait qu’il est attendu d’eux qu’ils parviennent à des produits directement utilisables dans une situation d’enseignement. La raison d’être de ce travail d’enrichissement est en effet de contribuer à la mise en ligne de l’option « documentation » de la licence Information Communication Documentation, ouverte récemment par l’UFR Idist (Lille 3).
La collecte de ressources nouvelles apparaît a priori comme l’activité la plus motivante. Personne n’est en effet insensible à la perspective de rencontrer des acteurs du monde de l’édition, souvent passionnés et passionnants. C’est toutefois une autre affaire de les convaincre de venir à l’université, et surtout de trouver un créneau compatible avec les emplois du temps des uns et des autres. Il faut encore se procurer les ouvrages pour la préparation de la rencontre, opération pas si simple à l’université, et oser se lancer dans l’animation d’un débat dont les problématiques étaient étrangères aux étudiants quelques semaines auparavant. Il faut enfin reconnaître que la transcription des entretiens représente un travail de longue haleine, vingt ou trente heures de travail pour transcrire un entretien d’une heure, souvent marqué par la situation d’oralité dans lequel il s’est déroulé. Effort parfois remis en cause par le fait que les personnes ne souhaitent pas que certains propos confidentiels soient diffusés. La veille stratégique existe aussi dans le monde de l’édition.
Pour la promotion 2005, la difficulté majeure reste toutefois de prendre en compte les ressources élaborées par leurs prédécesseurs et d’en imaginer une utilisation nouvelle. Le principe est en fait d’appliquer au documentaire de jeunesse la grille élaborée pour l’analyse du livre. Le travail repose sur une synthèse de trois types de ressources :
- les parcours théoriques d’analyse du livre, à savoir le genre d’écrit, la dimension matérielle de l’objet, les élément paratextuels, l’organisation documentaire, le texte et l’image. Ces éléments se trouvent à l’adresse suivante : http://www.univ-lille3.fr/jeunet/livre-sic/parcours/p_presentation.htm ;
- les ressources récoltées dans le domaine du documentaire de jeunesse, essentiellement les présentations d’éditeurs et de collections ainsi que les transcriptions d’entretiens avec les directeurs éditoriaux -- http://www.univ-lille3.fr/jeunet/livre-sic/etude_cas/accueil_editeurs.htm ;
- les possibilités offertes par les logiciels de génération d’exercices utilisés pour les activités, ici le logiciel Hot potatoes -- http://www.univ-lille3.fr/jeunet/livre-sic/activites/indexactivites.htm ;
Il ne suffit toutefois pas de maîtriser ces éléments déjà complexes en eux-mêmes, encore faut-il rechercher un principe de tension qui fasse que le visiteur du site (l’apprenant en l’occurrence) ait une motivation suffisante pour mener les activités jusqu’au bout, une problématique qui est par ailleurs au centre des discours dans l’édition de documentaires de jeunesse. Pour l’instant, l’hypothèse est de proposer des confrontations entre des collections qui abordent des thématiques proches ou qui ont les mêmes visées vis-à-vis de leurs publics. C’est ainsi par exemple que pourraient être confrontées deux par deux un certain nombre de collections :
- Les Goûters Philo (Milan) et Philozenfants (Nathan), par Sabrina Blondel et Céline Tauvry)
- Le journal d’un enfant (Galllimard) et Enfants d’ailleurs (La Martinière), par Nathalie Duez et ...
- Archimède (L’Ecole des Loisirs) et Les petits débrouillards (Albin Michel) ou Kézako (Mango)
- Les Yeux de la Découverte (Gallimard) et Dokéo (Nathan), par Nathalie Desmet
- Les Mille mots de l’info (Gallimard) et Zoom (Hachette), par Mohamed Oumimi et Fariza Ziahane.
- Regards d’aujourd’hui (Mango) et les collections historiques des éditions Autrement
- Baluchon (Nathan) et les carnets de voyages proposés par les autres éditeurs, par Cécile Kubek et Emilie Caudrelier.
- Les approches citoyennes des éditions Rue du monde et Syros, par Juliette Courcol et Christine Bonnaillie.
Ces confrontations pourraient laisser penser qu’il s’agit de mener des essais comparatifs à la manière des instituts de consommateurs ou des revues automobiles. En fait, l’objectif est avant tout d’identifier les rhétoriques qui sont mises en œuvre dans ces collections de documentaires, et surtout en évitant de porter des jugements de valeurs. Le propos n’est pas d’entrer dans le monde de la critique littéraire. Ces rhétoriques peuvent tenir au texte, à l’image mais aussi à l’objet porteur de sens que constitue l’objet dans sa dimension matérielle. La liste des collections n’est pas non plus exhaustive, pas plus qu’elle n’est définitive. Elle résulte des ressources disponibles et de celles que l’on peut espérer mobiliser.
A suivre …
Christian Loock
Ecrit par cloock, le Mardi 18 Octobre 2005, 21:55 dans la rubrique "Le documentaire Jeunesse".