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Le Master IDEMM

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La culture et l’interculturalité

Introduction : notre première définition de la culture.......................................................................... 3

1.       Définition du groupe.............................................................................................................. 3

2.       Vers l’évolution de notre définition de la culture....................................................................... 4

I.     Études de textes...................................................................................................................... 4

1.       Première étude.................................................................................................................... 4

2.       Deuxième étude................................................................................................................... 7

a.           Qu’est ce que la méthode des itinéraires ?........................................................................... 7

b.           Exemple d’un itinéraire : le processus marchand lié aux comportements alimentaires.............. 8

c.           Application de la méthode.................................................................................................. 9

3.       Troisième étude................................................................................................................. 12

a.           Projet et démarche de Bernard Ganne et Shi Lu.................................................................. 12

b.           Impact du film anthropologique......................................................................................... 12

c.           Analyse de quatre épisodes particulièrement intéressants choisis par l’équipe....................... 13

II.       Compte-rendu du colloque international « À propos de la culture ».......................................... 14

1.       Universalité et particularité (le 03/11/2004)........................................................................... 15

a.           Etienne Balibar, philosophe : « De la traduction des cultures et de ses limites : la construction de l’universel comme tâche infinie »  15

b.           Pierre Macherey, philosophe : « Libération et exclusion : les deux pôles de la culture ».......... 17

2.       Table ronde : « De la prétention à l’Universel »...................................................................... 18

a.           Lukas K. Sosoe, philosophe............................................................................................... 18

b.           Franco La Secla, anthropologue........................................................................................ 19

3.       Instrumentalisation de la culture (le 04/11/2004)................................................................... 19

Nayla Farouki, philosophe, historienne des sciences et des idées : « Culture instrumentalisée...ou culture instrumentalisante ? »................................................................................................................................................... 19

4.       Table ronde : « Contradictions de l’instrumentalisation de la culture ? »................................... 21

a.           Jean-Marc Lachaut, philosophe et professeur d’esthétique................................................... 21

b.           Jean-Marc Adolphe, rédacteur en chef de la revue Mouvement............................................ 21

c.           Mehdi Belhaj Kacem, écrivain et philosophe........................................................................ 22

III.      Approches interculturelles.................................................................................................... 23

1.       A quoi servent les approches interculturelles aujourd’hui ?...................................................... 23

2.       Dans quels domaines d’activité sont-elles utilisées ? Quelles sont les différentes catégories d’acteurs concernés ?     25

3.       A quels publics s’adressent-elles ?........................................................................................ 27

4.       Quels sont les types d’actions mises en place ?...................................................................... 27

5.       Quels sont les objectifs visés ?............................................................................................. 27

6.       Que pensez-vous des actions entreprises et de leur impact potentiel ?..................................... 28

IV.      Études de sites................................................................................................................... 28

1.       Première étude de cas........................................................................................................ 28

a.           Objectifs visés................................................................................................................. 28

b.           Domaines d’activité et acteurs concernés........................................................................... 29

c.           Actions mises en place et résultats.................................................................................... 29

2.       Deuxième étude de cas....................................................................................................... 33

a.           Objectifs et public visés.................................................................................................... 33

b.           Domaines d’activité et acteurs concernés........................................................................... 33

c.           Actions mises en place et résultats.................................................................................... 34

3.       Troisième étude de cas....................................................................................................... 35

a.           Objectifs visés................................................................................................................. 35

b.           Domaines d’activité et acteurs concernés........................................................................... 35

c.           Publics visés.................................................................................................................... 36

d.           Actions mises en place et résultats.................................................................................... 36

Conclusion................................................................................................................................... 36

Introduction : notre première définition de la culture

Tout le monde connaît le mot « culture ». Ce mot est employé facilement, il est tellement banalisé que nous nous ne posons pas la question de son usage. 

 Quand nous parlons de « différence culturelle », à quoi pensons-nous dans l’immédiat ? La première chose qui vient à l’esprit peut être la différence existant entre deux ou plusieurs pays étrangers. Pourtant, cette expression peut aussi signifier la différence entre les régions dans un même pays, entre les générations, entre les sexes, entre les entreprises, entre les domaines, entre les familles, etc. Bref, dans cette expression le mot « culture » peut comprendre tous les groupes humains qui ont certains points en commun.

Après réflexion, nous sommes frappés de voir à quel point le sens de ce mot est vaste et aussi par notre incapacité à le définir avec précision.  

1.    Définition du groupe

 

Pour affronter cette notion de la culture, notre groupe a commencé par chercher sa définition. Chacun a donc exprimé ses idées sur la culture, puis nous avons choisi les dix termes qui nous semblaient les plus pertinents.

Voici notre sélection :

–        Groupe humain

–        Langue

–        Traditions

–        Héritage historique

–        Contexte géographique

–        Arts

–        Valeurs

–        Religion

–        Maîtrise de la nature

A partir de ces premiers termes, nous avons ensuite composé des phrases. Nous avons également fait attention à être le plus précis possible.

Voici, notre définition initiale de la culture :

« La culture : apparue avec la civilisation (c’est à dire la maîtrise par l’homme de la nature), c’est un ensemble de valeurs, traditions, croyances, formes artistiques, transmises ou apprises par le langage (usage, oral) entre les êtres humains. Elle est influencée par l’héritage historique et le contexte géographique. »

2.    Vers l’évolution de notre définition de la culture

 

Notre définition est donc donnée. Cependant, en prenant du recul sur notre choix, nous avons le sentiment qu’il manque des paramètres à prendre en compte dans ce domaine. Le fait de réfléchir sur ce mot que nous avons l’habitude d’employer si facilement peut nous rendre mal à l’aise. Qu’est-ce que la culture ? Après en avoir donné la réponse, nous nous sommes paradoxalement interrogés à nouveau sur ce concept. De plus, la racine du mot culture se retrouve dans de nombreux mots plus complexes comme  interculture, macroculture, etc., qu’il nous appartient de définir également afin d’arriver à plus d’exactitude, tout en ayant une approche globale. En réalité, cet exercice nous a montré notre ignorance sur ce qu’englobe la culture. Nous avons alors décidé d’approfondir cette notion de culture pour mieux la comprendre.

       I.      Études de textes

1.    Première étude

Demorgon, Jacques, Complexité des cultures et de l’interculturel, 2e éd., Paris, Anthropos, 2000, p. 23-27.

Cet article se compose de trois parties : une première partie intitulée S’interroger sur les cultures et l’interculturel dans laquelle l’auteur Jacques Demorgon nous  propose une liste d’opinions sur la culture, l’interculturel et les dilemmes que pose la culture. La seconde partie s’intitule Définir les cultures : comme l’exprime le titre, Jacques Demorgon essai de définir le mot culture chronologiquement et diachroniquement. Dans la dernière partie, il nous présente les différentes notions de l’interculturel.

L’auteur, en tant que philosophe et sociologue, nous soumet une liste de points de vue, d’opinions différents et de préjugés courants dans nos sociétés, sur la culture et sur l’interculturel ; et en soulève les déviances telles que le conservatisme, le nationalisme, l’élitisme, les cultures comme génératrices de conflits et de guerres, etc... Jacques Demorgon constate qu’on peut parler de la culture sous différents aspects, sur la culture de plusieurs façons dans un sens large et de manière plus ou moins vague. Et la question du nombre, à savoir, doit-on parler d’une culture ou de cultures ? Le terme « culture » paraît ici insaisissable. Ces divergences d’opinions et de questions, implicitement remises en cause par l’auteur, mais laissées sans réponse (puisqu’il s’agit de la préface, nous pouvons supposer qu’il reviendra plus tard sur ces points), annoncent d’emblée la difficulté de trouver une définition juste de la culture (et de l’interculturel) valable pour tous les cas de figure. D’ailleurs, le titre de la postface, « Contre la pensée unique », annoncé dès la première page, semble déjà répondre à cette question, en montrant que l’auteur « milite » plutôt pour la pluralité et la diversité.

L’auteur nous invite à la réflexion sur ces définitions et propose une liste de débats (présentation très synthétique : dichotomies entre deux termes).

            Dans une seconde partie, Jacques Demorgon aborde avec précaution la définition de la culture, en commençant par l’étymologie du mot et en faisant référence à d’autres auteurs et à des définitions qui ont fait date, sans donner sa propre définition et en questionnant celle des autres. Le point de vue des auteurs qu’il nous livre ici est très classique et se rapproche de la notion de patrimoine.

Le sens propre du mot culture remonte au XIème  siècle et désigne l’agriculture. Au XVIème siècle, commence à apparaître le sens figuré du terme culture qui s’applique à l’esprit sous la plume des humanistes et de la renaissance. Au XVIIIème siècle, le terme culture désigne à la fois un travail, un processus, et les produits obtenus : ces derniers pourront être à la fois extérieurs aux êtres humains ou intériorisés par eux. On pourra par exemple parler  de la culture de la Grèce (produits extérieurs) ou d’un homme de culture (produits intériorisés). Au XIXème siècle, le sens propre et le sens figuré du mot culture se réunissent. De cette réunion résulte une dispersion logique des sens qui rend difficile la définition de la culture à cette époque. En effet, tantôt le sens est restreint, tantôt il est amplifié jusqu'à presque tout englober. Le terme culture diffère également selon sa disposition géographique.

            Au contraire, les notions de l’interculturel qu’il définit ensuite, bien qu’elles aient existé depuis les premiers échanges entre les hommes, paraissent beaucoup plus contemporaines, plus modernes ; peut-être parce que la dimension communicationnelle y est plus présente, et qu’elle est d’actualité comme jamais elle ne l’a été. Demorgon décline le rapport à la culture dans nos sociétés (c’est-à-dire l’interculturel) en 14 notions et 18 termes différents (c’est dire leur richesse), classés en 6 groupes. Ces notions se rapportent à la « socialisation » (p.26, l.17); ce sont des phénomènes d’emprunt, d’échange, d’interdépendance, d’adaptation à/avec la culture/les cultures d’autrui, et à travers l’histoire.

Nous pouvons établir une hiérarchie de ces notions, non en termes de supériorité ou d’importance, mais en termes de capacité à englober d’autres notions (ou sous notions de l’interculturel). Ainsi, l’interculturel, l’interculturalité, l’interculturation/acculturation, l’acculturation antagoniste et l’inculturation, se situant au même niveau, englobent les notions d’intraculturel et d’enculturation, et sont elles-mêmes englobées par le transculturel (ou transculturalité), lui-même divisé en deux : l’infraculturel et le supraculturel. Nous pouvons ensuite imaginé une ultime dimension à prendre en compte, qui encerclerait le tout : le métaculturel/la métaculturalité. L’auteur distingue tout d’abord les termes de pluriculturel et de multiculturel de celui de l’interculturel. L’idée d’échange, de contact, développée ici, ne se retrouve en effet que dans le préfixe inter-, les deux premiers termes exprimant seulement un aspect quantitatif. L’intraculturel concerne les échanges internes à une culture, et se rapproche de la notion d’enculturation, qui se définit par l’acquisition d’une culture grâce à ses échanges internes, tout ce que l’on absorbe de la culture d’un groupe social dès la naissance ; c’est aussi la socialisation. Il ne faut pas confondre enculturation avec acculturation et interculturation, qui jouent également sur l’acquisition de codes culturels chez chaque individu, mais cette fois sous l’influence d’autres cultures, à travers les échanges interculturels, l’interculturalité.

            Demorgon nomme également les phénomènes d’opposition, de résistance à ces contacts interculturels : l’acculturation antagoniste. Et ceux où interviennent des enjeux extérieurs, économiques ou autres, favorisant l’appropriation de la culture de l’autre : l’inculturation. La transculturalité est ce qui regroupe les hommes dans leur histoire et leur spiritualité, mais aussi ce qui les distingue comme espèce humaine (la culture comme particularisme propre à l’humain). Enfin, le métaculturel serait l’ensemble des éléments communs à toutes les cultures existantes. Ceci est différent de la transculturalité par le fait que celle-ci ne met en commun que certaines cultures, pas la globalité.

2.    Deuxième étude

Desjeux, Dominique, « La méthode des itinéraires, un moyen de comparaison interculturelle de la vie quotidienne : l’exemple de Guangzhou en Chine », in Zheng L. et Desjeux D. (dir.), Chine-France, Approches interculturelles en économie, littérature, philosophie et sciences humaines. Dialogues entre les cultures, Paris, L’Harmattan, 2000, p. 229-242.

Cet article s’intitule «  La méthode des itinéraires, 1 moyen de comparaison interculturelle de la vie quotidienne : l’exemple de Guangzhou en Chine ». Il a été écrit en 2000 par Dominique Desjeux qui est un professeur d’anthropologie sociale et culture à la Sorbonne, animateur d’Argonautes qui est  un réseau de recherche et de conseil en sciences humaines et directeur de la revue « Consommation et Société », à l’Harmattan. C’est un spécialiste de l’ethno-marketing[1][1] ou anthropologie de la consommation. Cet article nous présente la méthode des itinéraires  en l’appliquant dans la ville de Guangzhou en Chine du Sud.

a.     Qu’est ce que la méthode des itinéraires ?

 

            Selon Dominique Desjeux : «  la consommation et les objets du quotidien sont un analyseur des rapports sociaux et de leurs évolution dans la plupart des sociétés d’aujourd’hui »

            De ce fait, la méthode des itinéraires  se révèle être une approche qualitative qui permettrait de comprendre la dimension matérielle, sociale et culturelle de la consommation

La méthode des itinéraires permet donc d’observer les pratiques et les représentations de la consommation en partant de l’observation des usages des objets et services dans l’univers domestique et familial (car ils amènent une suite d’interactions entre les acteurs), en reconstruisant les prises de décision du consommateur comme un processus dans le temps, en se centrant sur les usages et les pratiques des comportements d’achat en fonction de 7 étapes principales et en mettant en évidence l’approche structurale des codes sociaux qui organisent l’usage et la place des objets dans l’espace.

En effet, la plupart des pratiques domestiques de consommation sont la représentation  des codes implicites (pratiques prescrites, permises ou interdites ou l’espace intime, privé ou public) qui organisent les comportements des consommateurs que ce soit par rapport à leurs usages en société ou par rapport à leur rangement dans l’univers domestique.

b.     Exemple d’un itinéraire : le processus marchand lié aux comportements alimentaires.

 

Nous avons la description d’un itinéraire : « le processus marchand lié aux comportements alimentaires ». Cet itinéraire est le plus facile à observer car il est général à toutes les cultures. Il se compose de 7 étapes principales.

a.                  1ère étape, le logement :

            Les interactions entre les membres de la famille, dans le logement qui permettent de définir la décision d’achat.

b.                  2ème étape, le déplacement du logement au lieu d’approvisionnement : 

            Cette étape se focalise sur le moyen de transport utilisé (voiture, vélo, bus ou marche à pieds), et des biens achetés (sac, coffre), utilisé. Ceci permet de déterminer la quantité et la fréquence des courses en fonction des cultures, des générations ou des appartenances sociales. Cette étape  nous montre que la Chine fait ses courses à pied ou à vélo alors que les états- Unis utilisent la voiture et le coffre à un usage stratégique car il permet de faire de grosses courses..

c.                   3ème étape, les courses elles-mêmes et le moment de l’achat :

C’est l’étape qui est la plus observée par les études marketing. Cette étape mobilise implicitement les grandes catégories suivantes : le propre et le sale, le cher et le bon marché, le frais et le non – frais.

d.                  4ème étape, le stockage :

Cette étape s’intéresse aux moyens de stockage ou au rangement des aliments (du grenier, frigidaire, congélateur, les placards et le garde manger etc..).

e.                  5ème étape, la préparation culinaire :

Étape plus ou moins stratégique en fonction des cultures. Par exemple aux États-unis c’est une phase courte alors qu’en France ou en Chine elle est plus longue (de 1 à 2 heures).

f.                    6ème étape, la consommation et les manières de table :

Étape la plus étudiée en anthropologie et  la plus sensible aux différences culturelles.

g.                  7ème étape, les restes et les déchets :

Étape peu étudiée jusqu'à aujourd’hui mais qui devient stratégique avec l’urbanisation. En effet, la gestion des déchets relève d’une différence culturelle en pratique et en valeur. Par exemple dans les Pays du nord on pense au recyclage à la différence  de l’Europe du Sud.

c.     Application de la méthode

      L’itinéraire choisi a pour but d’illustrer la vie quotidienne et l’espace domestique à Guangzhou et plus généralement en Chine. On suit donc une femme de 25 ans, universitaire, mariée, sans enfants. On l’observe depuis l’entrée dans son immeuble jusqu’à la fin d’un repas. Un itinéraire consiste en la description en détail des gestes effectués et des objets présents ou utilisés et mis en perspective avec des cultures d’autres pays ou d’autres époques.

      L’itinéraire débute par le constat de la présence importante des vélos. Cela fait dire à l’auteur que l’on peut distinguer les cultures avec vélo comme la Chine, les Pays-Bas ou les pays scandinaves et celles sans vélo comme la France ou les États-unis tournés plus vers la voiture. Les fils électriques sont visibles ; cela indique l’importance de la présence de l’électricité comme élément indispensable au quotidien. Les habitants ne se soucient pas de l’esthétique. Mais ceci commence à changer. On constate une évolution de la nécessité ou de l’utilité d’une chose vers l’importance de l’esthétique de cette chose. Par exemple, l’éclairage intérieur d’une habitation est de plus en plus réfléchi.

      L’entrée mène directement dans un salon de 12 mètres carré. Il n’y a ni entrée, ni couloir, ni salle à manger. Le seul meuble imposant est la télévision, couverte d’un tissu de la même manière qu’en France dans les années soixante. Cela évoque un autel religieux. En effet, comme en France dans les années soixante, la télévision était un objet d’importance qui a sa propre vie sociale.

Les photos présentes autour sont centrées sur le couple, du mariage surtout, très faste et s’étant déroulé dans un mélange d’occidental et de traditionnel. Contrairement à la génération précédente où les traditions et le reste de la famille était aussi important et présent que le couple. Ceci est sûrement du à la nucléarisation de la famille. On constate également une grande présence de bouddha sous toutes les formes d’objets. La pratique religieuse et la mémoire sont en effet toujours aussi importantes.

Le réfrigérateur et la machine à laver se trouvent dans le salon du fait du manque de place. Ils sont également assez décorés. L’association de ces appareils ménagers est également visible en France alors que pour un Américain cela relève du manque d’hygiène.

Le salon devient salle à manger par le déploiement d’une table pliante qui sert aussi de bureau. Avoir une véritable salle à manger est le signe d’un statut social élevé et est plutôt utilisé comme pièce décorative que comme lieu où manger, exactement comme en France ou aux États-unis.

L’autre élément imposant présent dans le salon est la bibliothèque. On ressent une volonté de montrer l’importance du travail intellectuel. A la vue de tous ces objets, les auteurs concluent à une phase de transition du passé et de la tradition vers la modernité et la société de consommation.

      Le deuxième lieu visité est la cuisine de trois mètres carré environ. Elle est très équipée (micro-ondes, hotte, gazinière mais pas de four). Une étagère consacrée uniquement aux épices s’y trouve. Le lien santé alimentation est en effet toujours très fort. Les objets indispensables sont le wok (poêle chinoise), le couteau hachoir (avoir de petits morceaux de nourritures pour pouvoir les manger avec les baguettes) et la planche à découper.

      Le troisième lieu est la salle de bain, trois mètres carré. On y trouve des toilettes à la turque. La présence des toilettes dans la salle de bain se retrouve chez les anglo-saxons, les scandinaves ou au Maghreb. Très peu de produits de soins du corps (pas plus de 20 objets) sont présents contrairement à la France ou aux États-unis.

      Le quatrième lieu visité est la chambre à coucher de six mètres carré. Au sol un matelas et un lecteur de CD et c’est tout.

      L’itinéraire a également pris en compte le trajet de la personne pour faire ses courses. Elle s’y rend une fois par semaine et y investit un quart de son salaire. Elle se rend à pieds au marché. Il n’y a pas de quartier commerçant. Sur le marché la viande est proposée à l’air libre comme en Afrique ou en France, ce qui est choquant pour un Américain. C’est pour eux la preuve d’une absence de propreté et de qualité. Les poissons, les crustacés et la volaille sont vendus vivants. Au contraire aux États-unis, un animal vendu mort et prédécoupé est signe d’hygiène tandis que vivant cela provoque le dégoût.

      De retour à l’appartement, les produits achetés sont divisés en deux. Ceux utilisés pour le jour même et ceux pour le reste de la semaine qui seront découpés et stockés au frais. Préparer un repas, c’est-à-dire cinq plats et une soupe, prend plus d’une heure. Son organisation est très rationnelle dans cet espace réduit. A la fin de la préparation plus rien ne traîne dans la cuisine. Les plats sont dégustés dans n’importe quel ordre contrairement aux habitudes anglo-saxonnes ou françaises. La table n’a pas de nappe et les déchets y sont déposés puis ramassés à la fin du repas. Une casserole de riz est posée dans le coin de la pièce pour ceux qui en veulent plus. Ce sont les femmes qui servent, débarrassent, nettoient et font la vaisselle. Le repas ne dure pas plus d’une demi-heure et on ne s’attarde pas contrairement en France pour bavarder. On range immédiatement la table pliante.

     

      A partir de cet itinéraire très descriptif il faudra tirer des analyses qualitatives sur tous les thèmes que l’on peut dégager des observations (confiance, mémoire, famille…). On ne peut trouver du sens dans cette technique qu’en accumulant les informations. Il est par contre évident que la méthode de l’itinéraire est applicable à toutes les cultures. Cette méthode met en évidence le fait que toute étude fonctionne sur mode « différentialiste » c'est-à-dire que l’on est constamment en train de comparer ce qu’on observe à une autre culture. Ce n’est qu’en essayant ensuite de dégager des éléments objectivables qu’on peut obtenir des explications.

Ce qui varie selon les cultures ce sont les formes prises par les mécanismes sociaux universaux comme les rapports de pouvoir, les réseaux sociaux, etc. Cette méthode se veut comme une approche sociologique.

3.     Troisième étude

Ganne, Bernard et Shi, Lu, « Face à face, ou le film au service de la rencontre des cultures », in Zheng L. et Desjeux D. (dir.), Chine-France. Approches interculturelles en économie, littérature, pédagogie, philosophie et sciences humaines. Dialogues entre les cultures, Paris, L’Harmattan, 2000, p. 243-251.

a.     Projet et démarche de Bernard Ganne et Shi Lu

 

      L’implantation en Chine d’une usine française appartenant à l’entreprise Canson et Montgolfier a soulevé des problèmes de communication entre les formateurs français et les ouvriers chinois, et des appréhensions des deux côtés avant même que la rencontre ait eu lieu. Bernard Ganne et Shi Lu, dans une démarche anthropologique ou ethnologique, ont assisté en tant qu’observateurs à la mise en place des savoir-faire en papeterie.

L’objectif général des auteurs, dans ce projet, est de faciliter les échanges interculturels dans un cadre professionnel international. Pour ce faire, ils proposent d’explorer le quiproquo, le malentendu, par le biais d’un tournage documentaire. Ils filment les employés à l’œuvre sur le terrain et leur font visionner les séquences après. Cela pour que les acteurs comprennent la raison du quiproquo, qu’ils prennent conscience qu’il y a de l’intraduisible. Cela contribue d’une certaine façon à une meilleure acceptation de l’autre et de sa différence, puisque si on se voit le remettre en cause, on s’aperçoit, grâce au recul et au regard extérieur, que l’on peut soi-même être remis en cause. Lors d’un conflit, il est aussi plus constructif de repérer et de montrer la connivence, l’entente mutuelle, le fait qu’il existe une diversité de registres de compréhension.

b.     Impact du film anthropologique

 

Cette approche de fond, en immersion sur le terrain et développée dans le temps (20 ans d’observation, 12 ans de tournage), traque les « petites choses » du quotidien dans la relation entre ces individus au début étrangers les uns aux autres. Elle se distingue donc des approches macro, plus globales. Cette étude a démontré que les liens sociaux ainsi tissés au sein de l’entreprise en sont « le principal capital » (p. 245).

Nous nous apercevons ici que l’image joue trois rôles importants. Non seulement, comme dans toute approche anthropologique, elle sert à observer et archiver, mais elle est aussi un support à l’auto-analyse. C’est donc une image active. Le film, une fois les bandes visionnées par les « acteurs » (en l’occurrence, les ouvriers), prend une vertu thérapeutique.

Notre duo de réalisateurs a ainsi réalisé trois films documentaires, tous primés et estimés : Appartenances, Rumeurs d’ateliers et Face à face.

c.     Analyse de quatre épisodes particulièrement intéressants choisis par l’équipe

 

Le premier épisode est filmé lors de l’arrivée des quatre français dans l’usine chinoise. Des jeunes ouvriers chinois, embauchés depuis peu, attendaient les nouveaux arrivants. Ces derniers devaient leur apprendre à manœuvrer des machines. Quand les quatre formateurs sont arrivés, les ouvriers chinois sont sortis et se sont mis en rang. Cet accueil très protocolaire a étonné les français et finalement les a énormément gênés. Aux yeux des français, cette mise en rang est interprétée comme une ‘‘discipline militaire’’, alors que pour les chinois cette acte a pour objectif d’ ‘‘honorer leurs hôtes.’’

Le second épisode concerne des jeunes directeurs chinois, dont certains, alors qu’ils portent une cravate, mettent la main à la pâte et balayent. Ils commencent d’abord seuls, puis terminent avec un groupe d’ouvriers. A la vue de cette scène, les observateurs français ont été doublement surpris. Le premier étonnement provient de leur façon de nettoyer. Ils se demandent s’il n’y a pas d’aspirateurs dans l’usine. Le second étonnement est relatif au fonctionnement hiérarchique. Les français ont considéré que la coutume était que le chef balaye l’atelier. En réalité, il y avait urgence pour recevoir des matériaux le lendemain matin, et c’est pour cela que le sol devait être propre. C’est pourquoi ils se sont mis à balayer. C’est une scène tout à fait normale pour les chinois. Dans ce texte, plusieurs différences sont exposées à partir de cette scène. La première différence concerne le raisonnement général du français par rapport au raisonnement pragmatique du chinois. La seconde différence met en évidence le fait que la définition du rôle d’un chef change selon les pays et les cultures. Le principe d’autorité externe chez les français s’oppose à l’autorité inhérente aux situations chez les chinois.

Le troisième épisode se déroule pendant la mise en service d’une machine. Une situation inattendue s’est produite : les français se sont adressés en français aux chinois. Aucun des acteurs de la scène ne se comprenait, ce qui a évidemment compliqué la situation. Nous pouvons y voir un parfait exemple de « la spirale infernale de l’incommunicabilité ».

Contrairement à l’épisode précédent qui se termine mal, le quatrième épisode montre une réussite de la transmission de savoir-faire. C’est la formation de deux jeunes chinoises par une technicienne française au tri et à la coupe du papier. Tout se passe en silence, sans parole, avec des gestes et des regards.

Ces quatre épisodes dans le film Face à Face résument différents types de situations envisageables se présentant lors d’un échange interculturel. C’est un moment de chassés-croisés, de méprises, de situation d’incompréhension, mais également de communication non verbale. L’équipe considère que dans ce film, les difficultés de la communication interculturelle sont plus visibles ici, car elles sont centrées sur des problèmes concrets rencontrés au sein de l’entreprise. Les leçons que nous pouvons tirer de ce film dépassent largement les frontières de l’usine. La force de ce film est qu’il met en évidence les écarts interculturels en nous plongeant directement dans une situation de terrain.

    II.      Compte-rendu du colloque international « À propos de la culture »

Organisé par l’Université des Sciences et Technologies de Lille. En partenariat avec Lille 2004 – Capitale Européenne de la Culture

2, 3 et 4 novembre 2004 à l’Aéronef – Lille – France

      Pourquoi ce colloque sur la culture ? Les différents intervenants ont discerné de nouvelles interrogations dans la société en marche et ont tenté de trouver, par le biais de ces conférences et tables rondes, des réponses ou, au moins, des pistes de réflexion.

   « Si les Lumières ont pu identifier culture et éducation, modernité et projet émancipateur, aujourd’hui, la société de masse interroge le projet d’émancipation culturelle. [...] Dans un contexte de globalisation, l'histoire culturelle contemporaine est nécessairement plurielle : polysémie du terme culture, croisement et effacement des genres d’expression artistique, réalité d'une "géographie culturelle"…[...] Si la culture est bien ce qui découvre un sens commun, quelle relation entretient-elle avec le politique ? Dans quelles conditions la culture peut-elle encore faire l’objet d’un bien commun ? Pourquoi et comment peut-elle permettre au genre humain de poser un regard critique sur le monde et donc sur soi-même ? » 

1.    Universalité et particularité (le 03/11/2004)

 

Le souci de l’universalité a été considéré comme le signe de l’accès d’une culture à son âge de raison : elle parviendrait ainsi à surmonter ce qui en elle l’incitait à se replier sur elle-même et la rendait incommunicable. Le culte de la particularité conduit souvent à l’autisme culturel. Mais la prétention à l’universalité peut aussi bien vider une culture de sa richesse spécifique que l’amener à soumettre le monde à l’aune de ses valeurs. Peut-on rechercher la communicabilité universelle entre les cultures sans les faire renoncer à leur originalité ?

a.     Etienne Balibar, philosophe : « De la traduction des cultures et de ses limites : la construction de l’universel comme tâche infinie »

 

L’universalisme est un concept à manier avec précaution car il comporte une très forte connotation messianique, prosélytique. Nous nous trouvons aujourd’hui après l’ère de l’universalisme, mais la question est toujours non résolue avec le développement, dans une autre forme de dialectique inédite et post-moderne, du conflit des particularités (nationales, régionales, des classes, des mœurs...). L’universalisme est un projet, un mouvement, un combat, une exigence qui vise, tend à la réalisation de l’universel, à l’universalisation des institutions. Cette idée d’un but encore à réaliser s’inscrit dans un progrès indéfini. La cosmopolis est à l’ordre du jour, mais les particularismes sont là aussi plus que jamais. L’universel est irrémédiablement impossible, on parle donc de péremption du projet d’universalisation. Paradoxalement, il y a plusieurs universalismes, des religions universelles par exemple (avec ou sans dieu ; ou encore l’universalisme laïque séculier en Europe), ou des universalismes politico-juridiques, des universalismes économiques (le marché). Il nous faut distinguer l’universalisme extensif, expansionniste, de l’universalisme intensif, à la poursuite d’une égalité et opérant pour la suppression des discriminations. On parle aussi de « vrais » universalismes (religieux, politiques et donc plus spirituels) et de « faux » universalismes (économiques et intéressés).

Or, il y aura toujours de l’intraduisible entre les langues et les cultures, et la transposition intégrale des idées, des valeurs d’une culture dans une autre relève de l’impossible et de l’absurde. L’épreuve de l’étranger est l’épreuve de la traduction. C’est le point de départ d’un procès infini, la tâche du traducteur, qui n’est pas conciliation ou substitution, mais réflexion. Il faut voir ici la langue comme objet d’élaboration intellectuelle, cause de nombreuses conséquences politiques car elle entraîne une réflexion pragmatique et performative sur le même, le soi par opposition à l’autre, l’étranger ; et est source de négociations et de dialogues infinis.

L’universalité est déjà là (mondialisation et globalisation), mais il reste des particularités irréductibles, ce qui fait surgir l’idée qu’il y aurait encore de l’universalité pratique, notamment la communication de masse, tentant par des moyens concrets d’établir ses universalismes.

Les apories liées aux problèmes de la situation sont de l’ordre de l’intelligible : l’universel est toujours énoncé par un sujet (auteur ; collectivité...) représentant une idée, mais aussi un corps physique, auxquels on peut s’attaquer, et en un lieu (géographique, historique...). C’est là que réside le paradoxe d’Hegel : « Il suffit d’énoncer l’universel en un lieu déterminé [...] pour qu’il soit irrémédiablement particularisé. » Il y a toujours un dehors, un autre ; il n’existe pas de métalangage absolu dans lequel toutes les particularités seraient réduites et les situations annulées de l’intérieur. Selon Marx, « le particularisme de l’universalisme est toujours l’instrument d’une domination ».

Les apories liées aux problèmes de la différence relèvent plus du domaine de l’anthropologie, de l’existence de normes culturelles, éthiques et morales.

En conclusion, l’universalité est une idée de construction infinie et conflictuelle. C’est une tâche morale et politique. Il nous appartient de nous donner les moyens collectifs de la traduction pour approcher l’intraduisible. Ne pas anéantir l’intraduisible, mais le préserver et en réduire le pouvoir de domination, les effets négatifs. Il s’agit précisément de la tâche de l’université, qui est le lieu par excellence où contradictions et apories de l’universel sont remises en question.

b.     Pierre Macherey, philosophe : « Libération et exclusion : les deux pôles de la culture »

On parle aujourd’hui de « crise de la culture » ou encore de « tragédie de la culture » (Annah Arendt). Il s’agit en fait de la grande contradiction entre la vie subjective limitée dans le temps et de ses contenus, qui sont intemporels. Les hommes sont à la fois les produits d’une culture et autonomes, pouvant s’en échapper. La culture se définit par une contrainte, et est donc non naturelle. Selon Freud, « le malaise de la culture » est provoqué par la scission du  sentiment du moi avec le monde extérieur. Freud et Rousseau posent la question de savoir si la culture est une avancée sur la nature ou bien une déperdition. Cela donnerait l’illusion d’une culture à l’état pur, protégée de l’altération provoquée par les influences extérieures, ne pouvant exister que sous une forme insulaire. Ne s’agit-il pas alors d’une culture morte, incapable de réagir à l’évènement ? Trop respecter la culture et son autonomie peut la mener à son exploitation et à sa perte (impérialisme).

Le regard de l’étranger qui cherche à acquérir d’une culture un droit d’entrée serait le plus juste. Il se place dans une situation inconfortable, mais riche en promesses de révélations. Il assiste à un spectacle sans les clés d’interprétation et doit en découvrir les codes. L’étranger a accès aux revers de la familiarité, ne sait si ses actions ont un sens. Il doit alors faire l’impasse sur ses propres modèles antérieurs. C’est une véritable révolution mentale. L’étranger est contraint de mettre à nu les dispositifs secrets des modèles qu’il veut comprendre et intégrer. C’est un « ajustement à une certaine manière de voir les choses » (Alfred Schütz). Ce faisant, il jette une lumière crue et insupportable sur ce qui est vivre et penser comme nous. C’est pourquoi il est mal vu. En même temps, il sacrifie, renonce à quelque chose pour être intégré. Est-ce que la vie sociale est une servitude ? La vie sociale est un langage incorporé dès la naissance, un système d’existence naturellement étranger, dont l’inculcation nous est imposée. « Nous pouvions faire que ce qui était juste fut fort ; nous avons fait que ce qui était fort fut juste. » disait Pascal.

      Ainsi, je suis moi-même étranger au monde que je crois m’être familier. Il nous faut saisir cet étranger qui est en nous, nous distancer de nous-mêmes. Aller vers l’émancipation en se séparant de la ségrégation. L’art est-il une des meilleures voies d’accès à la compréhension du « malaise de la culture » ? L’artiste, par essence, se particularise et se rend étranger.

2.    Table ronde : « De la prétention à l’Universel »

a.     Lukas K. Sosoe, philosophe

Paradoxalement, le racisme nie ce qu’il a toujours reconnu, l’alter ego. Refuser de voir dans l’autre un autre que soi, c’est se contredire : le déni de l’humanité d’autrui revient à dénier sa propre humanité. C’est précisément l’absurdité du débat sur les Indiens d’Amérique du Nord ayant eu lieu au XVIème siècle -à savoir, pourquoi les convertir au christianisme si ce ne sont pas des humains-, par exemple.

En revanche, si tous les hommes sont égaux en droits, est-ce que les cultures humaines sont égales ? Ou se doivent de l’être ? Si la culture est un ensemble d’idées, de pratiques et d’institutions sociales, c’est avant tout une communauté linguistique qui permet à l’homme de s’orienter dans le monde, d’avoir le sens du bien du sacré et du beau. Or, ici résident de nombreuses différences d’interprétations et chacun se doit de défendre son point de vue propre à sa culture, voire attaquer l’autre culture si ses principes se trouvent être néfastes pour les cultures environnantes. Il ne faut pas traiter la culture comme si elle se comportait comme un humain sur le plan psychologique.

b.     Franco La Secla, anthropologue

Il faut faire attention aujourd’hui à un ethnocentrisme qui se développe à l’envers : nous avons de plus en plus de préjugés de mépris face à notre propre culture.

On peut parcourir le monde (c’est le sens premier de l’anthropologie par rapport à la philosophie), on n’en aura toujours qu’une expérience limitée ; mais l’expérience locale est formidable. C’est dans le décalage, le dépaysement que l’on commence à s’ouvrir au monde, et le décalage est partout autour de nous. Par exemple, nous sommes les premières générations à faire l’expérience du décalage horaire. L’étranger est celui qui se trouve dans le décalage, entre deux espaces

Quand on prend en compte les milliers de siècles où l’opacité a régné entre les cultures, cette opacité ayant été reconnue comme un droit, on peut être confiant par rapport à l’avenir de l’universalité, après une expérience de tolérance si importante dans l’histoire. L’homme a appris qu’il ne peut remplacer l’altérité par l’ubiquité.

3.    Instrumentalisation de la culture (le 04/11/2004)

Longtemps la culture a été identifiée à la formation des femmes et des hommes. Elle devait élever leur esprit et les aider à perdre leurs illusions. Depuis que la culture est convertie en communication esthétique ou en sacralisation de résultats, elle est devenue un enjeu des pouvoirs économiques et politiques. Loin d’être une fin en soi, elle peut être aussi un moyen de normalisation de l’homme. La culture d’aujourd’hui prend des formes aliénantes. Comment échapper à ce que Simmel appelait « la tragédie de la culture » ?

 

Nayla Farouki, philosophe, historienne des sciences et des idées : « Culture instrumentalisée...ou culture instrumentalisante ? »

L’idée directrice ici est que la culture n’existe pas pour elle-même mais est utilisée comme objet de spéculation.

La notion de culture, à l’ère de l’académie de Platon, se définit comme une élévation de l’esprit par les arts, les sciences et la philosophie. Vers le XIIème ou XIIIème siècle, avec le début de l’humanisme, être cultivé c’est aspirer à des valeurs morales et philosophiques plus hautes. Il s’agit donc d’une culture humaniste, individuelle, publique, sans finalité, que chacun conçoit comme il veut et choisit sa propre voie vers elle. Au XVIIIème siècle, avec la naissance de l’anthropologie, la découverte d’autres civilisations, la culture se définit cette fois-ci sur un plan ethnologique, global et collectif : c’est un ensemble de biens créé par une société donnée. Les mots culture et civilisation s’emploient indistinctement. Au XIXème siècle, en Occident, la culture devient politique culturelle, un projet de l’Etat. C’est un ensemble de biens patrimoniaux, artistiques, etc., appartenant à une société donnée ; qui doit être accessible à tous. Là encore, chacun choisit sa voie pour devenir cultivé, mais le champ d’ouverture est plus vaste. Il s’agit d’une culture collective, consciente d’elle-même, destinée à des fins politiques. Dans les années 1960, les cultures de clans se développent (la culture rock, la culture d’entreprise, la culture mafieuse...). C’est donc l’ensemble de liens qui relient ceux qui appartiennent à ce groupe. Mais c’est aussi un univers de signes pouvant définir un groupe donné et permettant aux individus d’utiliser un langage particulier, d’interagir ensemble (la culture familiale...).

Or, à partir du moment où la culture se définit, elle exclut, met les autres en dehors. Elle fait de nous des pions à son service, lorsqu’elle s’installe. La culture est donc instrumentalisante. Premièrement, nous adhérons, nous appartenons à notre culture. Alors que nous devrions essayer d’entrer dans la culture de l’autre, c'est-à-dire nous mettre à nu, sortir de notre propre culture, ce qui est difficile. Deuxièmement, nous évaluons positivement notre culture, puisque nous nous y identifions. On en devient militant, défenseur. On la légitime, rationalise. On la construit a posteriori dans notre monde mental en nous disant qu’elle est la meilleure. La culture devient ainsi une force extraordinaire entre les mains de ceux qui manipulent les troupes et les mobilisent en jouant sur les émotions, l’orgueil, la fierté d’appartenir à une culture. La culture se rapproche alors de l’idéologie, qui s’appuie sur des signes culturels. Ces signes culturels se rapprochent du symbolisme, composé de signes porteurs d’un affect (signes religieux, etc.) et sont générateurs de mouvements sociaux très importants et mis à jour grâce à l’ethnologie et l’anthropologie.

 Depuis la Renaissance, on a défini la culture comme un idéal individuel tout en l’utilisant - sur le plan politique - comme un instrument pour obtenir l’adhésion des foules. Ce décalage entre la définition (utopique) et la réalité (sociale) est confirmé par le fait que la très grande majorité des autres cultures (anciennes ou contemporaines, petites ou grandes) sont non individualisantes et qu’elles ont avant tout une fonction politico-religieuse, celle de garantir le sentiment d’appartenance et la cohésion communautaire au travers de symboles, de mythes et de rites qui leur sont spécifiques.

Si l’on remet en question la définition classique de la culture en tant que projet individuel, celui de « l’homme cultivé », on s’aperçoit qu’on assiste en réalité non à une instrumentalisation de la culture, mais à un retour banal vers ce qui n’a jamais cessé d’exister : la culture en tant que mode d’expression d’un collectif a pour fonction première de mettre les individus au service de ce dernier et non l’inverse.

D’où une question essentielle, quoique apparemment paradoxale : comment éviter de devenir l’esclave de sa propre culture ?

4.    Table ronde : « Contradictions de l’instrumentalisation de la culture ? »

a.     Jean-Marc Lachaut, philosophe et professeur d’esthétique

 

      Dans toute culture, il y a de la barbarie. Cette barbarie se traduit entre autre par une hiérarchisation, un discours dominant/dominé. L’idéal culturel universel porte aussi en lui de l’exclusion. Nous pouvons dire qu’il existe même une culture de la régression et de la barbarie. L’instrumentalisation de la culture aujourd’hui n’est qu’esthétisation de la politique.

b.     Jean-Marc Adolphe, rédacteur en chef de la revue Mouvement

 

      Qu’en est-il de la contre-culture ? La contre-culture est née d’un nouvel agent de progrès : l’autocritique permanente. L’appartenance à la contre-culture se manifeste par des signes détournés ironiquement et insidieusement. Cela pose la question de savoir jusqu’à quel point pouvons-nous interpréter justement les signes. Paradoxalement, la contre-culture est parfois reprise par l’entreprise culturelle. Le pouvoir de domination des industries culturelles n’a pas de limite et s’insinue dans ce que nous croyons avoir de plus privé, notre personnalité, nos goûts culturels, etc. De bons rapports entre le Ministère de la citoyenneté et le marché médiatico-culturel sont impossibles.

c.     Mehdi Belhaj Kacem, écrivain et philosophe

 

La culture est porteuse d’un sens qui va redonner un sens à une société en crise de valeurs. C’est le projet politique culturel. Qu’est-ce qu’instrumentaliser ? Est-ce instruire ou construire ? Selon Duhamel, « la plupart des inventions humaines sont susceptibles de se transformer en instrument de souffrance ou de mort ». La contradiction dans le politique entre le social et l’économique serait une des raisons à ce phénomène. Ainsi, les industries culturelles fabriquent de la transgression et de la subversion avant même qu’elles n’apparaissent sur le marché des valeurs. Comment peut-on fabriquer de l’artiste ?

      Dans son ouvrage Simulacre et simulation, Baudrillard expose sa théorie qui s’applique aux artistes contemporains. Le simulacre, c’est dissimuler, c'est-à-dire faire semblant de ne pas avoir ce que l’on a. La simulation, c’est simuler, faire semblant d’avoir ce que l’on n’a pas. Ainsi, l’artiste contemporain ne fait pas semblant de ne pas avoir du talent, mais fait semblant d’en avoir alors qu’il n’en a pas. En 1981, dans Le Complot de l’art, Baudrillard revient sur ces concepts en y ajoutant la démarche de certains artistes s’inscrivant plus ou moins dans l’ironie, où il s’agit de faire semblant de faire semblant. L’art n’est donc pas seulement instrumentalisé, il nous manipule également.

      Qu’en est-il de la résistance de l’art à l’instrumentalisation ? Certains artistes, pour ne pas se laisser instrumentalisés ont choisi d’instrumentaliser eux-mêmes leurs œuvres. Une des voies possibles est celle empruntée par les artivistes (artistes et activistes), qui se sont surtout fait entendre grâce aux happenings (par exemple, en Italie, des intermittents du spectacle ont reconstitué une procession religieuse et ont inventé un San Precario, relatif à leurs conditions de vie sociales). Cette critique du monde réel se fait au moyen de formes artistiques différentes des références formelles (peinture, sculpture). Comme le disait Victor Ségalen, la résistance de la culture, c’est « la résistance à l’affadissement du divers » (comprendre divers par étranger, exotique, autre). Babel n’est pas le néant mais l’origine, la vie des langues, de leur croisement. C’est l’affirmation des diversités et l’interpénétration des différences.

      Dans toute résistance, il y a une oppression et un oppresseur. Quel est l’ennemi de la culture ?

      Autre problème, l’artiste qui s’élève contre l’usage social en a-t-il le droit ? N’est-ce pas faire à son tour autorité ? Qu’est-ce qui le rend autoritaire ? Certaines œuvres, par exemple Der Bevölkerung de Hans Acke,  qui est un véritable instrument de mesure de la démocratie, sont imposées sur la place publique et peuvent parfois être perçues comme totalitaires. Mais cela soulève une autre question qui est le problème de la réception. A nous d’apprendre l’exercice du jugement. 

  III.      Approches interculturelles

1.    A quoi servent les approches interculturelles aujourd’hui ?

Les approches interculturelles servent de multiples objectifs, de tous les points de vue (éthique, économique, politique, social...), et sont devenues indispensables,  l’expérience de la différence culturelle faisant dorénavant partie de la routine quotidienne pour un bon nombre d’entre nous.

Il s’agit évidemment de prévenir la discrimination et le racisme, de renforcer les capacités de gestion des conflits, de faciliter une meilleure compréhension mutuelle, de gérer le plurilinguisme, mais aussi d’éveiller le sens de la découverte et le sentiment d’ouverture de chacun, d’inciter chacun à tirer parti de ses propres ressources, etc. Pour construire « un espace de sociabilité et de citoyenneté(s) communes »[2][2], il faut protéger l’altérité, reconnaître et faire valoir les spécificités de chacun, faire en sorte que chacun remplisse son contrat social.

Les approches interculturelles servent à éviter la marginalisation, l’isolement, le mal-être provoqué par le « mal du pays », l’échec scolaire. Elles permettent de résoudre les incompréhensions qui naissent d’implicites culturels, de développer le processus de négociation et d’appropriation de règles et de pratiques communes, de proposer des dispositifs intégratifs, de favoriser le dialogue, le traitement des conflits, etc. C’est « apprendre à se décentrer afin de pouvoir interagir avec des personnes étrangères »[3][3].

Elles servent aussi à se familiariser avec le cadre conceptuel de la recherche, ses choix méthodologiques et épistémologiques, ainsi qu'avec des concepts théoriques pertinents pour aborder les questions interculturelles (identité, différence, altérité, diversité, culture, ethnicité, etc.). La recherche participe également d’un changement de perspective en cours dans la recherche interculturelle, où l’attention se déplace du contenu des cultures à leurs frontières, ainsi qu’à comment les acteurs font sens de leurs cultures. Une analyse minutieuse de ces dialectiques (entre le Même et l’Autre, entre l’individu et le groupe, entre la continuité et le changement, etc.) est cruciale pour une meilleure compréhension des complexités des sociétés contemporaines. Les enjeux de pouvoir qui sous-tendent les relations sociales, économiques et politiques dans une société multiculturelle sont plus que jamais à maîtriser et relativiser. En effet, l’inégalité des rapports sociaux est beaucoup plus visible dans une relation entre un autochtone et un allochtone, qu’entre deux autochtones ou deux allochtones.

En entreprise, il s’agit d’optimiser la communication, d’instaurer la confiance entre les employés, un état d’esprit positif permanent, partager les idées, faire en sorte que chacun participe à un engagement, c'est-à-dire penser collectif tout en respectant l’individu.

D’autre part, très sollicitées notamment dans le milieu scolaire, les approches interculturelles servent à résoudre le dénuement des enseignants face à « l’étrangeté de l’autre, sa reconnaissance, son rapport aux savoirs, sa distance linguistique et culturelle, son écart à la norme »[4][4]. L’institutionnalisation des approches interculturelles permet ainsi de  favoriser le décloisonnement des actions entreprises localement dans le champ de l'intégration.

Ces approches interculturelles supposent évidemment un traitement particulier de l’information puisqu’elles servent aussi à représenter, organiser l’information autrement, en accord avec les grands principes de l’interculturalité, et en fournissant des outils techniques aux acteurs concernés. Par exemple, l'ADRI (Agence pour le Développement des Relations Interculturelles) a défini son projet autour des six missions suivantes :

-          gérer un centre de ressources documentaires à vocation nationale sur l'intégration organisé et fonctionnant en complémentarité avec les autres centres documentaires;

-          éditer des documents d'information et des ouvrages sur l'intégration;

-          mener des actions de formation en direction des acteurs de l'intégration;

-          apporter un soutien technique aux porteurs de projets favorisant l'intégration;

-          organiser des rencontres et des échanges d'expériences entre les différents acteurs de l'intégration et de la politique de la ville;
rassembler et diffuser des informations sur les politiques et pratiques d'intégration dans les pays européens.[5][5]

Enfin, les approches interculturelles servent à assurer des objectifs plus vastes ou plus divers, comme promouvoir l’importance de l’expression démocratique, encourager et soutenir la culture démocratique ainsi que les droits et libertés fondamentales, diffuser le plus largement et rapidement possible toute forme d’expression culturelle, organiser des activités interculturelles (touristiques, historiques et artistiques), participer à la sauvegarde de l’environnement, au développement durable, contribuer à l’épanouissement de la jeunesse, etc.

2.    Dans quels domaines d’activité sont-elles utilisées ? Quelles sont les différentes catégories d’acteurs concernés ?

Ces deux questions paraissent inévitablement liées, aussi, nous avons choisi de les traiter ensemble.

Les approches interculturelles devraient être utilisées dans tous les domaines et c’est ce qui se produit petit à petit. Les acteurs concernés proviennent d'horizons professionnels divers: communication, tourisme, histoire, psychologie, linguistique, sociologique ethnologique, anthropologique et pédagogique, etc. Ils parlent souvent plusieurs langues. La liste est donc longue. Les plus concernés cependant semblent se trouver dans la communauté éducative. En effet, ceux qui sont actifs dans les domaines de l’éducation et des soins sont des acteurs essentiels pour l’intégration sociale des migrants et doivent adopter une approche interculturelle pour faire face aux attentes sociétales complexes auxquelles ils sont confrontés. Donc, les enseignants, les pédiatres, etc., mais aussi les ministères, les institutions, les agents des services publics, les professionnels des politiques de la ville et de l'intégration, les responsables et bénévoles des associations, les travailleurs sociaux, les entreprises, les élus locaux, etc.

A tous ceux-là s’ajoutent les acteurs du domaine de la recherche. Les associations scientifiques pour la recherche interculturelle sont nombreuses dans le monde entier. Nous pouvons mentionner les associations suivantes, à titre d’exemple: ARIC (Association pour la recherche interculturelle), IACCP (International Association for Cross-cultural Psychology), IAIE (International Association for Intercultural Education), IAIR (International Academy for Intercultural Research), IALIC (International Association for Languages and Intercultural Communication), ICA (International Communication Association, Intercultural and Development Communication Division), SCCR (Society for Cross-Cultural Research) , SIETAR (Society for Intercultural Education, Training and Research).[6][6]

Plus récemment, les formateurs en entreprise et consultants en Knowledge Management se sont « lancés » dans des approches interculturelles afin d’aider l’implantation d’entreprises à l’étranger et l’apprentissage de compétences interculturelles.

Il ne faut pas oublier non plus le domaine du tourisme qui met en pratique les approches interculturelles sur le terrain, notamment grâce aux consultants en tourisme et aux agences de tourisme. Cela  implique la présence d'animateurs, épaulés par des collaborateurs dans les quartiers et les communautés visités : restaurants de cuisine typique ou régionale, artistes (musiciens, chanteurs, acteurs, auteurs, etc.), associations et centres communautaires, lieux de culte (églises de différentes confessionnalités, synagogues, mosquées, temples bouddhistes, etc.). Autrement dit, toutes les formes de coopération culturelle existantes, tous ceux qui ont le goût de faire connaître et partager des aspects de leur culture d'origine.

 

3.    A quels publics s’adressent-elles ?

      Elles s’adressent aux populations immigrantes, aux demandeurs d’asile, aux victimes des guerres, conflits et violences, mais aussi à la société dans son ensemble. Les différences culturelles se retrouvent partout et pas seulement dans le malheur économique et politique. Il est évident que ceux qui vivent des périodes d’instabilité, des arrivées, des départs, qui souffrent d’une méconnaissance de la langue, d’habitudes sociales et de représentations différentes, sont les plus concernés, car il y a urgence. Mais comme nous venons de le voir, les clients du secteur touristique sont également un public cible de ces approches.

4.    Quels sont les types d’actions mises en place ?

Les actions mises en place par la plupart des projets des groupes apparaissant dans les sites web étudiés peuvent être rangés en deux grandes catégories. D’un côté, des études « théoriques » sur l’interculturalité, l’intégration a plus ou moins grande échelle de l’individu dans la société réalisées par des chercheurs, des enseignants, des bénévoles, des passionnés, etc. et de l’autre des actions menées « sur le terrain » dans lesquelles ont agi directement en allant à la rencontre de « l’autre » ou en participant à des exercices par exemple. Bien entendu ces deux facettes sont complètement liées, l’une n’allant pas sans l’autre (la deuxième est la conséquence de la première).

5.    Quels sont les objectifs visés ?

L’objectif visé par toutes ces approches interculturelles ont peu ou prou la même orientation, c'est-à-dire faire connaître le monde à celui qui se donnera la peine d’ouvrir les yeux. La plupart ont une démarche de prévention, dans le sens où elles tentent de faire percevoir différemment aux gens les relations entre êtres humains dans le but que ceux-ci ne parviennent pas à des comportement de xénophobie ou tout au moins d’incompréhension ou de rejet de l’autre.

6.    Que pensez-vous des actions entreprises et de leur impact potentiel ?

Ces actions entreprises ont toutes un objectif noble même si certains sites présents dans la liste peuvent apparaître comme à but purement « touristique » (Amarrages sans frontières par exemple). Ce que l’on pourrait penser de ces actions est que, comme toute entreprise de prévention ou de sensibilisation, le message n’est pas forcément facile à faire passer. On tombe soit d’un côté dans de la moralisation un peu trop poussée, soit dans du théorique universitaire. En tout cas, toutes les couches de la population peuvent s’y retrouver. Le seul « inconvénient » est que pour qu’une personne soit sensibilisée à l’interculturalité, il faut que celle-ci pense à faire cette démarche a priori. Or, les actions entreprises s’adressent aussi et surtout à des personnes qui justement auraient tendance à ne pas prendre conscience de la richesse de l’échange entre les différentes populations. Mais ces personnes ne feront pas la démarche d’aller « jeter un œil » à ces sites.

IV.      Études de sites

Sites web proposant des actions mettant en œuvre des approches interculturelles

1.    Première étude de cas

Droits de l’Homme, http://www.coe.int/T/F/Droits_de_l%27Homme/Ecri/, Commission Européenne contre le racisme et l’intolérance.

a.     Objectifs visés

La Commission européenne contre le racisme et l'intolérance (ECRI) a été créée lors du premier Sommet des Chefs d'Etat et de gouvernement des Etats membres du Conseil de l'Europe tenu à Vienne en octobre 1993 et renforcée lors du deuxième Sommet tenu à Strasbourg en octobre 1997.

Les 42 personnes membres représentent chaque état en Europe. Ils ont été choisis pour leur compétence reconnue en ce qui concerne le traitement des questions liées au racisme et à l'intolérance. Douze d’entre eux ont le titre de professeur, ce qui ajoute ici, une caractéristique pédagogique dans leurs activités.

La tâche de l’ECRI est de combattre le racisme, la xénophobie, l’antisémitisme et l’intolérance, qui représentent une menace pour les droits de l'homme, et de protéger les valeurs démocratiques au niveau de la grande Europe.

b.     Domaines d’activité et acteurs concernés

L'ECRI a été chargée d'examiner et évaluer l'efficacité des mesures juridiques, politiques et autres, en vue de combattre le racisme et l'intolérance existant dans les Etats membres; de stimuler l'action en la matière aux niveaux local, national et européen; d'élaborer des recommandations de politique générale à l'intention des Etats membres; et d'étudier les instruments juridiques internationaux applicables en la matière en vue de leur renforcement si nécessaire.  Ces travaux ont été effectués pays par pays. Suivant le résultat, l’ECRI recommande aux autorités de chaque pays de prendre des mesures contre le racisme et la xénophobie. Par la suite, ils ont élaborés  des thèmes généraux : recommandation de politique générale, recueils de bonnes pratiques, Mesures juridiques nationales.

D’autre part, l’ECRI organise régulièrement des conférences européennes contre le racisme. 

c.     Actions mises en place et résultats

Ce qui est remarquable dans leurs activités, c’est notamment la création de matériel pédagogique. Les membres de l’ECRI ont d’abord élaboré un manuel «Domino» dont l’idée première est que « les jeunes sont souvent leurs meilleurs éducateurs et cette notion d'éducation par les pairs peut permettre de lutter avec succès contre le racisme et l'intolérance ». Dans le «kit pédagogique», qui est l’outil destiné à l'apprentissage interculturel dans des contextes informels, plusieurs expériences effectuées sont exposées.

 

h.                               Domino

C’est un manuel d’emploi sur l’éducation par groupes de pairs en tant que moyen de lutte contre le racisme, la xénophobie, l’antisémitisme et l’intolérance. Ce manuel est élaboré pour les jeunes afin qu’ils puissent être de meilleurs éducateurs pour eux mêmes. L’ECRI espère par la suite, susciter le même mouvement contre le racisme et la xénophobie de la jeune génération chez les adultes. Domino contient donc des informations théoriques basées sur l'éducation par groupes de pairs, ainsi que diverses descriptions de projets, des méthodes, des citations et des histoires de jeunes. Ce manuel est en même temps le résultat de différentes pratiques de travail dans plusieurs pays européens, tant dans le secteur éducatif formel que dans le secteur éducatif informel.

 

La cinquième section présente cinq ‘’exemples de bonnes pratiques’’. Elle est intéressante pour connaître des actions qui sont réellement mises en pratique. Nous pouvons étudier comme exemple le « Projet pacificateur à Offenbach / Allemagne : Un exemple de médiation par groupes de pairs dans les écoles ». Ce projet se déroule à Offenbach en Allemagne en 1993. Le parti d’extrême droite a alors obtenu un grand pourcentage des voix à Offenbach où un tiers de la population n’est pas de nationalité allemande. Le conseil municipal a demandé au Service de la Jeunesse de développer un programme contre la violence, le racisme, l'antisémitisme et l'extrémisme de droite. Le projet consiste à former des ‘’pacificateurs’’ dans les classes d’écoles. Les pacificateurs, autrement dit les ‘’médiateurs’’, ont le rôle d’aider les gens pour mettre une fin au conflit. Ce travail doit se faire sans violence ni blessure mais de façon constructive. Tout d’abord, le service de la jeunesse a proposé un stage à un groupe de délégués de différentes classes. Les élèves formés étaient désormais présentés à leur classe, en tant que médiateurs. Ensuite, la formation du stage est donnée à la classe entière. Certains élèves élus et formés par la suite ont reçu un certificat de pacificateur. Les enseignants aident les pacificateurs, les parents reconnaissent le rôle de ces derniers, et ainsi une atmosphère constructive s’est développée. Le service de la jeunesse tente d’exploiter cette méthode constructive dans les écoles de toute la région pour résoudre les conflits.      

 

i.                                 Le kit Pédagogique

Le Kit pédagogique est composé de deux grandes parties (A et B), et d’une annexe.  La partie A nous présente les situations actuelles en Europe aux niveaux politique, historique et économique. D’abord, elle nous montre les enjeux, les problèmes et leurs origines. Elle nous fait comprendre la différence entre les cultures (voir définition à la fin du paragraphe), puis elle précise les différents types de discriminations dues à l’incompréhension. Cette partie se conclut par la présentation de l’éducation interculturelle – une approche positive de la différence.  En résumé, cette partie nous explique la conception et les pratiques sociales, des sociétés multiculturelles aux sociétés interculturelles.

 

Définition de la culture : « Nous considérons les valeurs et les systèmes comportementaux qui permettent à des groupes de personnes de donner un sens au sens qui entoure. » (p.28 du kit pédagogique).

 

Qu’est-ce que c’est les sociétés multiculturelles et les sociétés interculturelles ?

« Société multiculturelle : Différentes cultures et groupes nationaux, ethniques et religieux vivant sur le même territoire, mais n’ayant pas forcément de contacts. C’est une société dans laquelle la différence est souvent perçue négativement et constitue la principale justification de la discrimination. Les minorités peuvent éventuellement être tolérées de manière passive mais jamais acceptées ou appréciées. La loi, qui prévoit éventuellement des droits pour mettre un terme aux pratiques discriminatoires, n ‘est pas toujours appliquée uniformément.

 

Sociétés Interculturelles : Différentes cultures et groupes nationaux, ethniques et religieux vivant sur le même territoire et entretenant des relations ouvertes d’interaction, avec des échanges et la reconnaissance mutuelle de leurs modes de vie et valeurs respectives. Il s’agit dans ce cas d’un processus de tolérance active et de maintien de relations équitables au sein desquelles chacun a la même importance : il n’y a ni personnes supérieures ou inférieures, ni personnes meilleures ou plus mauvaises…

 

« L’interculturalité est un processus, et non un objectif en soi. Il nous faut à présent examiner quelques-uns des principaux éléments de ce processus. » p.28 le kit pédagogique.

 

La partie B est une véritable boîte à outils contenant des méthodes et des activités à exploiter avec les jeunes dans le cadre de l’éducation interculturelle. C’est une source d’idées, de ressources, de méthodes et d’activités pour l’éducation. Elle propose des conseils concrets et pratiques destinés aux personnes s’occupant des jeunes.  Les activités proposées sont bien étudiées. Sous la forme d’un jeu, les jeunes abordent différents thèmes. Parmi les 52 activités proposées, nous nous proposons d’étudier voir l’activité intitulée ‘’le chemin du développement’’. C’est une sorte d’un jeu de société. Des haricots sont distribués à chaque équipe, dont les membres sont choisis purement au hasard. Mais un groupe qui est choisi au hasard aussi a moins de haricots que les autres groupes. Avec un dé, ils se déplacent sur le ‘’chemin du développement’’, et à certains endroits il leur faut suivre des instructions données. Un groupe qui a été choisi au hasard peut changer les règles. Au cours de ce jeu, le système des haricots fonctionne comme celui de la monnaie. En jouant, les jeunes se rendent compte de l’existence de l’injustice. L’animateur doit expliquer que ce jeu reflète le monde réel. Dans la réalité, le choix n’est pas le fait du hasard, mais de facteurs historiques, géographiques, économiques ou encore culturels, qui décident des obstacles ou des possibilités de chaque pays et peuple sur le chemin du développement. L’animateur doit inviter les jeunes à la réflexion après ce jeu. Le fait qu’un pays développé domine un pays sous-développé, n’est-ce pas injuste ? Que pouvons-nous faire pour aider un autre pays à se développer? Les gens immigrent dans un autre pays pour avoir une meilleure qualité de vie, est- ce que nous sommes assez compréhensifs envers eux ? Chaque activité est utilisable dans le cadre pédagogique. Les jeunes peuvent apprendre en jouant.

 

Ce qui caractérise les approches de l’ECRI contre le racisme et l’intolérance,  c’est notamment le fait qu’ils mènent des actions sur le terrain. Cette organisation est rattachée à la direction générale des Droits de l’Homme du Conseil de l’Europe. Sa grande taille lui permet de collecter un nombre important d’études dans chaque pays en Europe. A partir de ces enquêtes, l’ECRI élabore des théories. Leurs activités ne se limitent pas à être sur le papier. L’ECRI propose, suggère réellement. Leur approche est destinée à la nouvelle génération. Il est difficile de lutter contre le racisme et l’intolérance qui sont présents dans notre société. Cependant, grâce à l’éducation, nous pouvons apprendre des façons plus constructives pour accepter la diversité. Certes, leur travaux qui concernent surtout le domaine pédagogique, où les résultats se voient sur le long-terme, mais ils méritent fortement de continuer à être encouragés à investir dans ce domaine, car ce sont des méthodes qui porteront certainement leurs fruits dans le futur.

2.    Deuxième étude de cas

Projet Comenius 2 (http://www.cp.asso.fr/querbes/eedpr/old/)

a.     Objectifs et public visés

 

Le projet Comenius Action II a pour sous-titre « « Elèves en difficulté, Professeurs en Recherche » dans une démarche Interculturelle ». Ce projet a été lancé en 1997.

Les instigateurs de ce projet ont pour postulat de base que les jeunes, à la vue d’un contexte européen de plus en plus multiculturel seraient plus à même de faire face à de nombreux obstacles dans leur volonté d’intégration dans la société ( « difficultés sociales et économiques des familles, dilution des systèmes de référence, perte des valeurs collectives, montée de l’intolérance ») et par là éviter à ces jeunes de tomber dans des travers de plus en plus fréquents (xénophobie, racisme, enfermement communautaire…).

La volonté d’un tel projet est donc d’aider ces jeunes, et plus directement les personnes qui éduqueront ces jeunes à l’interculturalité lors de leurs périodes de scolarité, par le biais de travaux, de rencontres, d’expérimentations pédagogiques. L’objectif essentiel est de faire comprendre que la différence est une richesse essentielle. Ces élèves sont des jeunes de Belgique (Wallonie et Flandres), du Portugal et de France âgés de 15 à 19 ans. Ils sont associés à des  organismes de formation de professeurs et  à d'autres structures multiculturelles.

b.     Domaines d’activité et acteurs concernés

 

Comme on l’a vu précédemment, les domaines d’activités du projet Comenius 2 sont multiples. De 1997 à 2000, des colloques, des séminaires, des réunions ont permis à des professeurs, chercheurs, spécialistes de se réunir et de traiter du sujet. Mais ont été également mis en place des activités les élèves sont acteurs, comme lors de sorties, d’échanges, de débats, etc.

D’ailleurs, ce projet, sans Internet, n’aurait pas été viable. C’est en effet un outil indispensable par sa capacité à relier les membres du projet et surtout à unir des acteurs de différentes origines. Par exemple, une expérience pilote a été menée : des élèves ont changé de statut et ont pris celui d’ «experts en Internet ». Ils ont ainsi formé des adultes (professeurs, parents, étudiants…). 

Les participants au projet proviennent de trois pays : la Belgique, le Portugal et la France. En Belgique sont concernés l’Institut de la Providence, l’Institut Sainte-Famille d’Helmet, Maris Stella Saint Agnes, la Katholieke Hogescholl et le CEJI. Au Portugal, la Casa Pia de Lisboa, le Colégio Maria Pia et l’Escola Superior de Educaçao. En France, le lycée Louis Querbes (établissement coordinateur du projet), l’ISCAM Service Audiovisuel et Multimedia, l’Institut Catholique de Toulouse et l’Association Interculturelle Rencontre. A toutes ces entités s’ajoutent des partenaires tels que l’autrichienne GRG Diefenbachgasse, l’Université de Liège et le journal La Vie. Ils ont contribué à l’enrichissement de la base pédagogique et aux ressources interculturelles.

c.     Actions mises en place et résultats

Le projet a développé diverses actions tout au long de la période s’étalant de 1996, date du lancement, à 2000. L’objectif principal étant essentiellement de se faire rencontrer des équipes enseignantes, des chercheurs en éducation pour travailler en commun.

Les actions mises en place ont été à l’origine des visites préliminaires et des rencontres d’études préparatoires. Puis des formations à l’utilisation d’outils pour l’éducation interculturelle ont été mises en place. Tout au long du projet des séminaires ont eu lieu pour faire le point sur les recherches tandis qu’un constant programme d’échange s’est maintenu (échanges de ressources documentaires par exemple) par le biais des réseaux numériques essentiellement. Tout ceci a abouti à la création d’une base de données sur le Web et d’un CD Rom dont le but est d’être diffusé et utilisé par les enseignants/formateurs pour initier à l’interculturalité leurs élèves.

3.    Troisième étude de cas 

BIZ’ART – Collectif d’art essentiel, transdisciplinaire et transculturel

Disponible en ligne : <http://bizart.asso.free.fr/> (consulté le 25/10/2004).

a.     Objectifs visés

Ce collectif œuvre pour l’acceptation et la visibilité internationale, via Internet, de l’art contemporain (contemporain dans le sens « en train de se faire ») dans toutes les disciplines artistiques. Il rassemble donc des œuvres d’art présentées en ligne et réalisées par des artistes d’horizons multiples. C’est un collectif d’art essentiel car il vise à exprimer l’essence de l’humain.

b.     Domaines d’activité et acteurs concernés

La page d’accueil de ce site, très esthétique, attire l’attention et traduit une pensée ou une approche holistique de l’univers. Le point fort de ce site, par rapport à la communication interculturelle, pourrait être le forum, mais il ne réunit pour l’instant que douze membres. Cependant, ce forum propose des liens qui renvoient aux sites personnels des membres de l’association, souvent des artistes, aux quatre coins du monde, et ses sites sont souvent intéressants (par exemple, le site d’un chorégraphe sénégalais). Art vivant et art plastique s’y côtoient afin d’exprimer la diversité et l’universalité de l’humain. L’art vivant éveille une sensibilité kinesthésique, tandis que l’art plastique interpelle notre sensibilité visuelle et tactile. Il s’agit d’un véritable partage de connaissances et d’approches diverses de la réalité. Nous retrouvons souvent dans ces œuvres des liens très forts avec la nature et l’environnement, ce qui renforce cette idée de conception holistique du monde. Par exemple, de nombreux artistes transmettent leur message grâce aux techniques de l’architecture ou de la sculpture et leur travail est très proche du land art (comme Yurga, sculpteur-architecte breton). Les matériaux utilisés sont naturels, comme le bois et le bronze des sculptures de Ferama, d’origine allemande et vivant au Mali.

c.     Publics visés

 Ce site s’adresse à tous afin que chacun se reconnaisse dans ce qui y est présenté, et accepte à la fois sur le même plan la différence et l’expression d’autrui. Ce qui est universel et qui nous rassemble aussi paradoxalement est que chacun est un autre. L’objectif de ces artistes est de poursuivre cette recherche d’un langage poétique universel.

d.     Actions mises en place et résultats

Les actions entreprises par ce site ne sont ni militantes ni engagées véritablement. Leur impact potentiel ne peut se révéler qu’à long terme, avec le changement des mentalités face aux différences culturelles et d’expression. Les principes de ce site sont très louables, mais nous devons néanmoins prendre garde à tout débordement dans l’ésotérisme et les idéologies qui peuvent s’en suivre. Ces actions participent à l’implantation des idées de développement durable et d’intelligence collective.

 

Conclusion

On peut s’interroger sur le mot « culture » d’un point de vue polysémique. La langue française a un vocabulaire moins riche par rapport aux autres langues, par contre chaque mot a plusieurs sens. C’est le cas pour le mot « culture ». Quand on parle de « la culture d’une personne », ce mot signifie la connaissance, le savoir d’une personne.  Ce sens n’est pas le même partout. Par contre on peut trouver la même expression « une personne cultivée » au Japon. Celle-ci peut désigner une personne qui possède des connaissances, a fait des études, qui connaît bien la musique, l’art , la littérature, l’architecture, l’histoire, le théâtre, le film, la religion, la cuisine et qui s’intéresse à beaucoup de choses concernant les activités humaines autour de la société.

Une définition de la culture pourrait être : l’ensemble des valeurs, des activités, de l’histoire, des morales qui est produit par une société, un groupe humain. Chaque groupe humain a sa propre culture.

Quand on vit à l’étranger, on rencontre quotidiennement la différence de culture. La langue est différente, l’habitude est différente, la coutume est différente, bref, rien n’est pareil. De nos jours, beaucoup de monde vit et voyage à l’étranger, ou encore beaucoup de pays reçoivent des étrangers. Ainsi la communication avec les autres personnes, qui n’ont pas forcément la même façon de pensée que soi, est-elle de plus en plus importante pour tout le monde. Le mot « culture » est bien connu, il est employé souvent dans la conversation quotidienne. Toutefois, il est difficile d’expliquer ce qu’il signifie. L’interculturalité  serait la coexistence de plusieurs cultures se respectant mutuellement.

Ce temps de réflexion et de recherche personnelle sur la culture a permis de prendre conscience des multiples enjeux qu’il y a derrière cette idée noble et belle de culture. Ces enjeux ne sont pas toujours aussi louables.

Dans notre société actuelle, la culture est avant tout politique culturelle et dépend de la mobilisation commerciale et économique. Par conséquent, c’est une culture orientée. La culture collective serait une culture de consommation de masse, du kitsch, au sens premier du terme, et médiatisée. C’est aussi ce qui fait l’humain puisque c’est l’ensemble de la production, de la diffusion et de la consommation des produits de notre esprit créateur. Cette culture collective ne concerne pas seulement le domaine des arts et des connaissances, mais aussi les façons de vivre, les savoir-être, les habitus, etc. Elle participe aux phénomènes de mondialisation et de démocratisation générale.

A cette culture collective, plus historique et chronologique, nous pouvons apposer (elles ne viennent pas toujours s’opposer) une culture individuelle, qui elle est éphémère puisqu’elle dure le temps du passage sur la terre de chaque individu. Dans une époque où l’homme et la femme n’ont jamais été aussi libres et émancipés, où il est d’usage de revendiquer ses droits, son identité, et de se faire respecter, cette culture individuelle est très présente, voire « cultivée ». Elle comprend tout ce qui « fait » une personne : ses origines, ses intérêts, son mode de vie, son expérience, ses groupes d’amis (« tribus » ou « vivre-ensemble »), sa façon d’interagir avec les autres, son éducation, sa part de contre-culture également, etc.

Le problème de la culture collective c’est que dès qu’on la définit, elle exclut, fabrique de la ségrégation. Le problème de la culture individuelle, c’est que par essence, elle ne se définit pas, puisqu’on traite de l’humain, du cas par cas.

Chercher à définir la culture, c’est s’intéresser à l’interculturalité, à l’autre, c’est une recherche active, voire militante. Cette recherche devient réflexion sur la tolérance et volonté de faire avancer les processus d’intégration, d’œuvrer pour une meilleure visibilité et acceptabilité des cultures. Éviter la discrimination culturelle, c’est s’ouvrir à toutes les cultures avec la même soif de savoir, pour faire tomber les préjugés. Ne pas mettre en avant ses origines, mais ne pas les renier non plus, c'est-à-dire éviter l’ethnocentrisme sans tomber dans l’ethnorelativisme. Les approches interculturelles et la démarche des anthropologues sont des méthodes d’observation et de conservation participantes qu’il faut encourager pour préserver toutes ces richesses qui constituent le plus grand capital humain. En Sciences de l’Information, il est de notre devoir de développer ce partage, ces rencontres, ces mises en réseaux d’informations culturelles.



[1][1] Terme  proposé en 1990 par Dominique Desjeux avec Sophie Taponier (Dortier, 1990). Ce terme décrit le lien possible entre une approche anthropologique du quotidien,  et une recherche sur les comportements des consommateurs qu’elle l’aborde par sa dimension sociale en se centrant sur les usages sociaux du produit ou du service.

 

[2][2] CDIP. Pour une formation des enseignantes et enseignants aux approches interculturelles. [en ligne]. Université de Berne : 2000. Disponible en ligne : <http://edkwww.unibe.ch/PDF_Downloads/Dossiers/D60.pdf> (consulté le 18/01/2005).

[3][3] Ibid.

[4][4] Ibid.

[5][5] ADRI. La Raison d’être de l’ADRI. [en ligne]. Disponible en ligne : <http://www.adri.fr> (consulté le 18/01/2005).

[6][6] Tania Olgay. Cours-séminaire de recherche en approches interculturelles de l’éducation. [en ligne]. Université de Genève. Disponible en ligne : <http://www.unige.ch/fapse/SSE/teaching/riat2/7224A/home.htm> (consulté le 18/01/2005).

Ecrit par KAN Sayaka, LENOUVEL Solenne, MARIE Jonathan, VERRAEST Sorraya, le Lundi 21 Février 2005, 17:37 dans la rubrique "Culture et interculturalité".

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Commentaires

Lien croisé

Anonyme

21-02-05 à 22:49

les z'ed : " Est-ce la fin de l'année à l'université pour eux qui leur produit cet effet ? En tout cas, je note deux billets qu'ils viennent de déposer dans leur blog des Master IDEMM La culture et l’interculturalité et Une évaluation des moteurs de recherche intéressants. "


mises à jours bibliographiques

Carpentier

26-12-05 à 09:54

Collaboratrice de J. Demorgon et constatant avec grand plaisir votre intérêt pour ses travaux et leur réutilisation très fructueuse -
je vois sur vous présentez très bien, au demeurant, son ouvrage "Complexité des cultures et de l'interculturel"
mais depuis cet ouvrage a été entièrement revu et augmenté de TROIS NOUVEAUX CHAPITRES qui vous intéresseront j'en suis certaine -
donc 3e éd de COmplexité des cultures et de l'interculturel. Contre les pensées uniques, en 2004

je vous signale à toutes fins utiles qu'il vient de publier deux nouveaux ouvrages susceptibles de vous intéresser aussi pour compléter votre site qui est très intéressant et fort utile !

ces deux nouveaux ouvrages sont :
CRITIQUE DE L'INTERCULTUREL; L'HORIZON DE LA SOCIOLOGIE aux éd. Economica publié en 2005
LES SPORTS DANS LE DEVENIR DES SOCIÉTÉS. Médias et médiations en 2005 chez L'Harmattan
sans oublier :
L'interculturation du monde (sur le Japon et les USA en 2000
L'histoire interculturelle des sociétés 2e éd. en 2002.
Dynamiques interculturelles pour l'Europe, en 2003.

Merci encore pour vos travaux très intéresssants
A toutes fins utiles si un jour vous souhaitez bénéficier de l'intervention de Jacques DEMORGON lors d'un de vos séminaires, je pense qu'il pourrait en être d'accord -
Vous pouvez utiliser cette adresse électronique pour le joindre
Bonnes fin d'année 2005 et bonne année 2006
MNC




Re: mises à jours bibliographiques

GABY

04-09-07 à 17:09

j'ai passionnement lu votre article et vous en felicite. Merci aussi à J. DEMONRGON, car je suis etudiant en Licence Sociologie ( fac de lettres et sciences humaines à l'Université Omar Bongo de Libreville, et j'exploite bien son oeuvre complexité des cultures et de l'intercuturel.  Je prepare un memoire sur La problematique de l'interculturalité en milieu urbain j'aimerai bien recevoir de lui quelques pistes pour reussir dans mon oeuvre.
                                                                                             JOEL GABY


mises à jours bibliographiques

Carpentier

26-12-05 à 09:57

Collaboratrice de J. Demorgon et constatant avec grand plaisir votre intérêt pour ses travaux et leur réutilisation très fructueuse -
je vois que vous présentez très bien, au demeurant, son ouvrage "Complexité des cultures et de l'interculturel"
mais depuis cet ouvrage a été entièrement revu et augmenté de TROIS NOUVEAUX CHAPITRES qui vous intéresseront j'en suis certaine -
donc 3e éd de Complexité des cultures et de l'interculturel. Contre les pensées uniques, en 2004

je vous signale à toutes fins utiles qu'il vient de publier deux nouveaux ouvrages susceptibles de vous intéresser aussi pour compléter votre site qui est très intéressant et fort utile !

ces deux nouveaux ouvrages sont :
CRITIQUE DE L'INTERCULTUREL; L'HORIZON DE LA SOCIOLOGIE aux éd. Economica publié en 2005
LES SPORTS DANS LE DEVENIR DES SOCIÉTÉS. Médias et médiations en 2005 chez L'Harmattan
sans oublier :
L'interculturation du monde (sur le Japon et les USA en 2000
L'histoire interculturelle des sociétés 2e éd. en 2002.
Dynamiques interculturelles pour l'Europe, en 2003.

Merci encore pour vos travaux très intéresssants
A toutes fins utiles si un jour vous souhaitez bénéficier de l'intervention de Jacques DEMORGON lors d'un de vos séminaires, je pense qu'il pourrait en être d'accord -
Vous pouvez utiliser cette adresse électronique pour le joindre
Bonnes fin d'année 2005 et bonne année 2006
MNC




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Anonyme

25-01-06 à 19:59

Rechercher :interculturalité - Copernic : "1. Master IDEMM - La culture et l'interculturalitéUn outil pour les étudiants du Master IDEMM de Lille 3"


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Anonyme

20-02-07 à 10:57

interculturalité: Résultats Web d'Answers.com : "QUI SUIS-JECela dit, le champ de l’interculturalité pose la question du dialogue des ... L’interculturalité représente une chance et une richesse lorsqu’elle est vécue ...www.francparler.org/articles/interculturel_enjeux.docMaster IDEMM - La culture et l’interculturalitéL’interculturalité est un processus, et non un objectif en soi. ... L’interculturalité serait la coexistence de plusieurs cultures se respectant ...idemm.joueb.com/news/35.shtml" rel="nofollow"


Film

ESCANDE

15-06-09 à 10:09

Est-il possible de se procurer les films réalisés pour votre étude et en particulier le film "face à face"?

Merci pour votre réponse.


C. Escande


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